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naîtra de lui « la principauté ordinaire, soit de Galles ou de Monmouth, ou toute autre province qu’on a coutume de donner aux fils naturels de la Couronne. » Il fait en outre à sa veuve et à la famille de celle-ci toute sorte de legs, à valoir sur le Trésor anglais ; et il leur transmet aussi « ses domaines, appelés le marquisat de Juvigny, ayant une valeur de 300 000 écus. »

Ai-je besoin d’ajouter que ce testament est absurde d’un bout à l’autre ? D’abord, de quelque façon qu’on entende le nom italianisé des « barons de San Marzo, » on ne voit pas le rapport que peut avoir avec eux une « donna Maria Stewart, » sans compter qu’aucune Maria Stewart, ni Stuart, n’existait au moment de la naissance de James de la Cloche. Le « marquisat de Juvigny » n’est pas moins extravagant. La seule explication possible, ici, est d’admettre que le testateur aura confondu Juvigny avec Aubigny, duché qui, avant de revenir à la couronne de France en 1665, avait appartenu au cardinal Ludovic Stewart. Enfin, plus folle encore est l’idée que Charles II puisse donner au fils de son bâtard « la principauté de Galles ou celle de Monmouth, ou toute autre province qu’on a coutume de donner aux fils naturels de la Couronne. » Tout cela est insensé ; et, comme le pensait lord Acton, — qui s’est longuement occupé de la mystérieuse histoire de James de la Cloche, — un tel testament semble bien confirmer la déclaration du vice-roi de Naples, suivant laquelle le prétendu James Stuart de 1669 « n’était pas le fils du roi d’Angleterre. »

Oui, mais l’opinion contraire a aussi de sérieux argumens pour elle : des argumens dont quelques-uns, qui paraissent avoir été ignorés de lord Acton, viennent d’être remis au jour par M. Andrew Lang, dans une très intéressante étude sur Le Mystère de James de la Cloche. Les principaux de ces argumens sont extraits du troisième volume des Lettres publiées à Macerata, en 1674, par un chroniqueur italien, Vincenzo Armanni de Gubbio, qui, lui-même, affirme tenir ses renseignemens de l’un des deux confesseurs du soi-disant James Stuart napolitain. Et, d’abord, le fait de ces deux confesseurs vaut d’être noté : non seulement le prisonnier de Naples était de religion catholique, mais il semble avoir eu en outre une vive piété, surtout au début de son séjour à Naples, et, de nouveau, à la veille de sa mort : car les Lettres d’Armanni nous apprennent que, dans l’intervalle, la ferveur de sa foi s’est sensiblement relâchée. C’est à ses confesseurs qu’il a d’abord révélé, en confidence, le secret de sa prétendue origine royale, qu’il n’a du reste rendue publique que lorsqu’il s’y est trouvé contraint par sa comparution devant le vice-roi. Et,