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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 novembre.


La dernière quinzaine de novembre appartient encore au Sénat. Tandis que la Chambre des députés, fidèle à l’engagement qu’on lui a fait prendre d’épargner cette année au Trésor le fâcheux expédient des « douzièmes provisoires, » dépêchait, devant une salle aux trois quarts vide, les budgets de la Guerre, des Colonies, des Travaux publics et discutait longuement le budget des Affaires étrangères, le Sénat, de son côté, poursuivait et achevait ses délibérations sur le projet de loi de M. Chaumié, ou mieux du gouvernement, ou mieux sur l’un des projets de loi du gouvernement relatifs à l’enseignement secondaire. Car le gouvernement en a plusieurs ! Et, comme il a fallu que M. Combes eût celui de M. Chaumié, il faut bien que, bon gré, mal gré, M. Chaumié ait tous ceux de M. Combes, lequel les reçoit tout faits, et de toutes mains indifféremment, pourvu que ces mains étranglent un peu plus net une liberté de plus.

Justement nous avions laissé M. le président du Conseil au sortir du « cabinet des réflexions » où il était allé s’enfermer après avoir entendu la lecture de l’amendement fameux qui tendait à enlever le droit d’enseigner à quiconque aurait « prononcé des vœux d’obéissance ou de célibat. » Cette forte pensée ne lui a point paru négligeable : après une retraite de vingt-quatre heures, il est revenu déclarer solennellement qu’il était prêt à épouser « les deux idées maîtresses » de M. le sénateur Alfred Girard, qu’il demandait seulement à les revêtir d’une « forme juridique, » de cette forme juridique à lui dont tant d’actes déjà attestent qu’il a le secret. Et il a annoncé toute sorte de desseins que l’on ne jugera pas avec trop de sévérité en disant que le