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tendent maintenant à prévaloir, pour le plus grand profit de la critique. Celle des Eaux-fortes de Rembrandt, provoquée en 1877 par le Burlington-Club, devait amener la publication de plusieurs études sérieuses en vue de leur classement chronologique et aussi d’une révision plus attentive et d’une détermination plus exacte des pièces qui peuvent être attribuées au maître. Quelques années après, l’Exposition Rembrandt, organisée dans l’automne de 1898 à Amsterdam, à l’occasion de l’avènement de la jeune reine de Hollande, et suivie de près par celle qui s’ouvrit à Londres, au printemps de 1899, a permis aux admirateurs de Rembrandt de jouir d’une réunion très nombreuse d’œuvres dont quelques-unes étaient ignorées, et aussi d’en tirer de précieux enseignemens. En 1902, le centenaire de Van Dyck a suscité des expositions analogues à Anvers et à Londres ; et, l’hiver d’après, l’Exposition de la Royal Academy, outre les tableaux de toutes les écoles qui y avaient été envoyés, était surtout consacrée aux peintures et aux dessins de Claude Lorrain. C’est aux primitifs flamands qu’au cours de l’été suivant, Bruges a inauguré une exposition spéciale, à laquelle elle fournissait elle-même le cadre merveilleux de ses vieux monumens. On conçoit l’intérêt que présentent de telles exhibitions, l’échange fécond d’idées dont elles sont l’occasion. La critique ne peut que gagner à ces discussions instructives, faites en présence des œuvres elles-mêmes. Par des comparaisons immédiates, elles permettent de fixer leur authenticité et leurs dates, et de résoudre ainsi une foule de questions délicates, arbitrairement tranchées autrefois, suivant les lumières ou les fantaisies de chacun. En serrant ainsi de plus près ses études, la critique d’art tend de plus en plus à substituer à des vues systématiques et hasardeuses une méthode plus rationnelle et en quelque sorte scientifique. En même temps qu’elle gagne en étendue, elle se sent sur un terrain plus ferme. Avec le goût qu’il y faut toujours, elle est en mesure d’acquérir des connaissances plus nombreuses et plus certaines.


II

L’étude directe des œuvres des maîtres restera toujours le moyen d’instruction le plus efficace pour quiconque se propose d’écrire sur les arts. Mais, si les musées sont les vraies