Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 20.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cuivre aurait dû écarter depuis longtemps son ancienne attribution au Corrège, qui jamais ne s’est servi de ce métal. Rembrandt, non plus, n’a presque jamais peint sur cuivre, sauf un charmant petit portrait du maître par lui-même, qui appartient à Mme la comtesse H. Delaborde, et un petit tableau, très médiocre : le Renoncement de Saint Pierre, qui, si tant est qu’il soit de lui, daterait de son extrême jeunesse. Le plus souvent le maître hollandais a fait usage de la toile, qui se prêtait mieux à recevoir la pâte abondante dont il la couvrait. Quand il a employé, le bois, c’est d’habitude le chêne ; mais, curieux comme il l’était, il a peint aussi parfois sur le palissandre, l’acajou, ou sur d’autres essences exotiques qu’il n’a pas été possible de déterminer, mais que, grâce aux relations commerciales de la Hollande avec l’Extrême-Orient, il était facile de se procurer à Amsterdam. C’est même là un trait significatif de cet amour de son art et de ce désir de perfection qui poussaient également l’artiste à choisir avec un soin minutieux les papiers qui lui semblaient les plus propres à assurer le meilleur tirage de ses eaux-fortes. Rubens, de son côté, avait vite apprécié l’excellence de panneaux de chêne préparés avec une couche de plâtre sur laquelle, grâce à la finesse et à l’homogénéité du grain ainsi qu’à la clarté de ce dessous, il pouvait à son gré varier son exécution et obtenir la transparence et le merveilleux éclat de sa couleur. Non seulement presque toutes ses esquisses sont peintes sur des panneaux ainsi préparés, mais il a même employé le bois pour des œuvres de grandes dimensions, comme la Descente de Croix d’Anvers, et l’on sait que les comptes de la Confrérie des Arquebusiers, qui lui en avait fait la commande, ont conservé la trace de la visite de ses délégués à l’atelier de Rubens pour constater que le chêne dont il s’est servi était « de bonne qualité et exempt d’aubier. » L’utilité de ces diverses désignations portées dans les catalogues est donc évidente, puisque non seulement elles aident à caractériser la manière de chaque artiste, mais qu’elles nous renseignent aussi sur l’époque où des procédés nouveaux se substituent à d’autres antérieurement usités. C’est ainsi qu’aux œuvres primitives de Mantegna, exécutées a tempera, on voit, à un certain moment, succéder des tableaux peints à l’huile, la divulgation de ce procédé encore peu employé s’étant graduellement répandue.

Pareillement, l’indication exacte des dimensions des tableaux exposés dans les musées ou les collections particulières peut