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LA SÉCESSION DE LA NORVÈGE

La Norvège vient de dissoudre, neuf ans avant qu’elle fût séculaire, son union avec la Suède. Elle l’a fait d’une manière non seulement calme, mais digne, noble et quasi religieuse. Le Roi, de son côté, au lieu d’en appeler à la force, s’est contenté de protester de ses bonnes intentions, et d’argumenter comme un vieux professeur de droit. Ainsi le Parlement norvégien, le Storthing, est arrivé d’un coup, dans l’art d’accomplir pacifiquement et poliment une révolution, à ce suprême degré de courtoisie exquise et raffinée qu’avaient fini par atteindre en Espagne les grands classiques du pronunciamiento.

Lorsque le général Pavia eut acquis la conviction que décidément les républicains du style des Pi y Margall et des Zorrilla étaient des bavards anarchistes qui perdraient tout, il envoya à don Nicolas Salmeron, alors président du Congrès, un de ses aides de camp, jeune homme d’une éducation parfaite : « Monsieur, dit l’officier, la casquette à la main, vous me voyez désolé de la mission que je dois remplir auprès de vous. D’ordre de mon chef, je viens vous signifier qu’il pense que la session de la Chambre a assez duré. Il vous prie donc de vouloir bien vous retirer. Croyez qu’il en est aux regrets ainsi que moi-même, et d’autant plus que si, ce qu’à Dieu ne plaise, vous ne vous en alliez pas de bon gré, j’ai là en bas une compagnie prête à assurer par tous les moyens le succès d’une opération que vous sentez nous être, au général et à moi, très pénible. »

« Sire, écrit de même l’Assemblée norvégienne au roi Oscar II, la dissolution de l’union ne comporte pas d’amertume envers la nation suédoise, ni envers la dynastie, et, pour le reconnaître, le Storthing sollicite le concours de Sa Majesté pour