Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 28.djvu/864

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nières ; depuis que sont posées les deux questions de l’organisation diplomatique, de la représentation consulaire, et tant d’autres questions avec elles, c’est-à-dire depuis les premières années, les premiers jours, les premières heures de l’union. La séparation était en germe dans l’union depuis qu’il y a une union, et la Norvège debout contre la Suède depuis qu’il y a une Suède et Norvège.

II

Ces questions sont de vieilles questions et des questions fort embrouillées ; cette histoire est une vieille histoire et une fort ennuyeuse histoire. Je ne voudrais infliger à personne la peine d’en suivre le fastidieux détail. En ce qui concerne la direction des affaires étrangères, dans les commencemens de l’union, le Roi l’exerçait personnellement, tant en Norvège qu’en Suède ; et, la constitution norvégienne portant expressément qu’ « il n’est pas nécessaire que les affaires diplomatiques soient traitées en conseil des ministres, » le Roi pouvant, pour ces affaires, prendre l’avis de qui il veut, en dehors même de ses conseillers norvégiens responsables, il s’est produit en fait, et tout naturellement, — la résidence ordinaire du Roi n’est-elle pas Stockholm ? — que, par la suite, le ministre des Affaires étrangères de Suède s’est vu charger aussi de la direction des Affaires étrangères de Norvège, et que les deux pays, Suède et Norvège, ont été à l’étranger, représentés par des légations communes. Toutefois, ce ministre suédois, qui, en un certain sens et dans une certaine mesure, était encore ministre norvégien, n’était pas constitutionnellement responsable de la gestion des affaires norvégiennes. Les affaires norvégiennes étaient donc aux mains d’un ministre suédois, conseiller irresponsable devant la Norvège, du roi commun de Suède et de Norvège, et c’est de quoi la Norvège était mécontente ; mais enfin, il y avait le Roi, dont les affaires étrangères étaient l’affaire personnelle, et c’était, pour la Norvège, un minimum de garantie.

Plus les affaires étrangères cessaient d’être, en Norvège comme en Suède, l'affaire personnelle du Roi, plus elles devinrent affaires ministérielles, plus elles semblaient devenir du même coup affaires suédoises, et plus ce mécontentement grandit. Vingt ans à peine après la naissance de l’Union, les choses, de ce chef,