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« Mais l’assemblée nationale, élue selon la loi, et siégeant selon la loi, ne peut pas laisser le pays sans gouvernement ; et, le pouvoir royal s’étant placé lui-même hors de fonction, le Storthing doit prier l’ancien ministère de continuer à fonctionner et d’exécuter les actes gouvernementaux, comme si le pouvoir royal était présent. Ceci non plus n’est naturellement pas une révolution, mais simplement ce qu’exige l’état de choses qui est survenu[1]. »

Et pourtant si ! c’était une révolution ; « il y a révolution en Norvège ; » mais il reste quand même vrai de dire qu’ainsi « l’exigeait l’état de choses qui est survenu ; » et ce n’est ni le peuple norvégien, ni le Storthing norvégien qui ont fait cette révolution : elle s’est faite en quelque sorte toute seule, elle s’est levée du fond de l’histoire.

III

Le 14 janvier 1814, à Kiel, « le sieur Gustave, baron de Wetterstedt, chancelier de la cour, commandeur de l'ordre polonais de l’Étoile, chevalier de l’ordre prussien de l’Aigle rouge de première classe, l’un des dix-huit de l’Académie suédoise, » signait en sa qualité de plénipotentiaire de Sa Majesté le roi de Suède, avec le plénipotentiaire de Sa Majesté le roi de Danemark, un traité de paix où il était stipulé :

« Art. IV. — S. M. le roi de Danemarc[2], pour lui et ses successeurs, renonce irrévocablement et à jamais, en faveur de S. M. le roi de Suède et de ses successeurs, à tous les droits et prétentions au royaume de Norvège ; savoir aux évêchés ci-après dénommés, savoir, celui de Christiansand, de Bergenhuus, d’Aggerhuus et Frondhiem[3], avec le Nordland et les marches finoises jusqu’aux frontières de l’Empire russe[4] ; les évêchés et provinces constituant le royaume de Norvège, avec les habitans, villes, forts, forteresses, villages et îles, le long de toutes les côtes de ce royaume, ainsi que leurs dépendances, le Groenland et les îles Ferroë et d’Islande exceptés, de même que toutes les

  1. Fridtjof Nansen, la Norvège et l’union avec la Suède, p. 96-97.
  2. Je respecte l’orthographe du texte publié par G. F. de Martens, Supplément au recueil des principaux traités, t. V. 1803-1814, avril inclusivement, Gottingue, Dieterich, 1817, p. 666 et suivantes.
  3. Ici il faut lire évidemment Trondhjem. Aggerhus pour Akershus.
  4. Ici Martens n’a mis qu’une virgule. Il faudrait peut-être un point.