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efficace. Pour se consoler, cependant, nos voisins se sont rabattus sur ce fait que leurs ballons métalliques détenaient le record de la durée : il est certain que la République, à la fin de la belle campagne de 110 jours, silencieuse et fructueuse, qu’elle a terminée fin octobre, s’est contentée, pour sa dernière sortie, de rester en l’air 6 heures et demie seulement. Pourtant, un des leurs, le major von der Gross, déclarait, le lendemain du raid de douze heures, qu’un dirigeable quelconque, d’un autre type que les Zeppelin, et de tonnage moyen, eût été capable d’en faire autant, et le savant officier démontrait, le 13 septembre suivant, le bien fondé de son assertion en restant en l’air treize heures consécutives, par un vent dont la vitesse s’était élevée de 6 à 11 mètres. D’ailleurs, des deux facteurs, « capacité de transport » et « vitesse, » qui déterminent le rayon d’action de n’importe quelle machine volante, — plus lourde ou plus légère que l’air, — le second seul, surtout si cette machine est destinée à la guerre, doit compter. Or, les dirigeables métalliques, malgré leur énorme tonnage et la puissance de leurs moteurs, n’ont jamais dépassé sensiblement la vitesse de la Patrie et de la République. De plus, on ne saurait trop le répéter, ils n’ont été imaginés que pour parer au « télescopage, » inévitable pour les ballons d’étoffe, suivant le général Zeppelin, dès que leur vitesse absolue atteindrait 20 mètres. Mais cette vitesse, ils ne l’ont jamais atteinte, et quant au télescopage, H. Julliot assure qu’au moment même où la Patrie allait nous être enlevée, elle avait pu résister, sans se déformer et sans arrachement, à un vent debout de 22 mètres environ. La faillite du système rigide, malgré les millions souscrits en Allemagne pour réparer la perte du N° 4, aurait donc été regardée par tous ceux qui savent réfléchir, comme définitive, si le mouvement d’opinion défavorable qui commençait à se dessiner n’eût été enrayé par un accident arrivé, quelque temps après, au von Parseval n° 2.

Les von Parseval sont des dirigeables du système classique, dit système souple (comme les ballons France, Ville-de-Paris, Clément Bayard, etc.), avec ballonnet et ventilateur. Leur construction est établie sur cette idée préconçue qu’un dirigeable de guerre doit pouvoir se démonter et se plier, de façon à être rapidement mis à l’abri de tout accident et ramené à son port d’attache. Cette manière de voir nous paraît bizarre : autant exiger d’un cuirassé qu’il puisse se démonter pour devenir transportable,