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Ne recevant pas satisfaction, la Porte « remet le règlement des questions pendantes à une époque plus favorable. » « Dans cette attitude de la Turquie, dit la note, le gouvernement bulgare voit le désir de gagner du temps pour mieux se préparer militairement et pour prendre ensuite une position menaçante et imposer des demandes inacceptables... Le gouvernement, étant donné les faits cités et les continuels préparatifs de la Turquie pour renforcer son armée dans les provinces européennes, ne peut envisager l’avenir qu’avec inquiétude et préoccupation. » Le gouvernement bulgare, après avoir rappelé qu’il a cédé lui-même aux conseils des puissances lorsqu’elles lui ont prêché la modération, leur demande d’agir maintenant sur la Porte. Il est certain que la situation militaire de celle-ci n’est plus aujourd’hui ce qu’elle était au mois d’octobre ; il est probable que sa force devenue plus considérable lui permet de tenir la dragée plus haute à la Bulgarie, peut-être même à d’autres. Mais s’il en est ainsi, la conclusion à en tirer est que, les difficultés s’aggravant pour elle avec le temps, la Bulgarie fera bien de s’arranger avec la Porte le plus tôt possible, et c’est le conseil que ses amis doivent lui donner. N’en est-il pas de même pour l’Autriche ? Il ne semble pas que le temps travaille à lui tout seul pour elle. On avait cru, à Vienne et à Sofia, qu’il suffisait de faire acte de volonté et que tout céderait : la désillusion est venue vite. Tout le monde en Europe veut le maintien de la paix et, par conséquent, est disposé à aider l’Autriche et la Bulgarie à sortir d’embarras avec honneur ; mais encore faut-il qu’elles s’y prêtent. Quelles se rappellent le proverbe : Plaie d’argent n’est point mortelle. Quelques millions de plus ou de moins sont beaucoup pour la Porte et peu de chose pour l’Autriche. Quant à la Bulgarie, si elle trouve que son indépendance lui coûte cher, et même plus qu’elle ne vaut, nous sommes bien de son avis. Mais qui l’a voulue ?


Une révolution plus facile, amusante comme un vaudeville, et qui réjouit tout le monde, est celle qui vient de se produire au Venezuela. Castro est tombé. Quomodo cecidit ?... De la manière la plus simple. On n’a pas eu à le mettre à la porte : il était lui-même parti pour l’Europe où il avait besoin,. paraît-il, des bons soins d’un chirurgien allemand. Il a d’abord débarqué à Bordeaux. Ici se place un incident qui n’est pas à la gloire de notre ministère. On aurait dû expulser immédiatement le dictateur, qui avait lui-même expulsé du Venezuela notre agent, M. Taigny : au lieu de cela, on lui a envoyé de Paris un sous-directeur pour remplir auprès de sa personne