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« aventures » françaises qui, pendant vingt années, ont sillonné, de leur piétinement, le continent noir. Une telle gloire est hors d’atteinte.

Il reste à dire les circonstances internationales dans lesquelles la mission s’est produite, à rappeler par qui elle fut décidée, comment soutenue et pourquoi elle a échoué.


I

Il est avéré, — après les précisions données par M. André Lebon[1] — que la mission Marchand fut décidée sur l’initiative de M. Léon Bourgeois, président du Conseil et ministre des Affaires étrangères, au début de l’année 1896, et qu’elle fut constituée par M. Guieysse, alors ministre des Colonies[2]. Les instructions concertées entre les deux départemens furent signées, par ce dernier ministre, le 24 février 1896. C’est donc au Cabinet Bourgeois qu’appartiennent l’honneur et la responsabilité de cette mesure prise en connaissance de cause, après longue et mûre délibération.

La décision n’était pas un fait isolé dans le développement de l’expansion française en Afrique : elle avait ses origines dans une politique nationale antérieure ; mais elle eut sa raison d’être immédiate dans un programme général d’action en Afrique conçu à la suite des événemens qui ont marqué les derniers mois de l’année 1895.

M. de Freycinet a rappelé, dans un livre admirable de pondération et de sang-froid, quelles raisons la France opposait à l’occupation de l’Egypte par l’Angleterre. Il n’est pas utile d’évoquer ici, à nouveau, ce passé pénible pour les deux parties. Car, si l’une des puissances a été expulsée de ses titres et de son influence, l’autre n’a obtenu son succès que par une procédure diplomatique laborieuse dont le moins qu’on puisse dire c’est que les diverses phases n’en sont pas toujours conciliables

  1. Voyez, dans la Revue des Deux Mondes des 15 mars, 15 mai, 15 juin et 15 septembre 1900, les articles de M. André Lebon, recueillis en volume sous le titre : la Politique de la France en Afrique, 1896-1898. Plon, 1901, in-8.
  2. La constitution de la mission est annoncée en ces termes, dans les journaux du temps : « Une décision du ministre de la Marine, en date du 17 janvier 1896, porte que la garnison de l’Oubanghi sera composée de trois compagnies de tirailleurs sénégalais… — M. Marchand, capitaine d’infanterie de Marine, est désigné pour servir à la 12° compagnie des tirailleurs sénégalais détachée dans l’Oubanghi. » Bulletin de l’Afrique française, février 1895 (p. 40).