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sont en lutte pour la possession des territoires de l’Est africain, l’Ouganda, l’Ounyoro, la province Équatoriale. Le sort de l’imanat de Zanzibar, sur lequel la France possède des droits garantis par les traités, est en question. Après un conflit dramatique dont les phases célèbres sont la « délivrance » d’Emin Pacha par Stanley et la contre-campagne du docteur Peters, l’Allemagne, en juillet 1890, signe un traité qui lui assure, il est vrai, la côte et toute sa colonie de l’Est africain jusqu’aux Grands Lacs et au Kilimandjaro, mais qui reconnaît à l’Angleterre les îles de Zanzibar et de Pemba, le protectorat de l’Est africain anglais jusqu’au lac Albert Nyanza et, en plus, la vallée du Nil jusqu’aux confins de l’Egypte.

Cet arrangement n’est pas communiqué à la France qui, à tant de points de vue, cependant, y était directement intéressée. Il ne pouvait donc l’engager ni lui être opposé.

Bientôt l’Angleterre, poursuivant cette procédure de prise de possession sur le papier, traite avec l’Italie qui s’est implantée à Massaouah, à Assab et sur la côte des Somalis. Autre délimitation fictive qui permet de renouveler l’affirmation de droits indéterminés sur la vallée du Nil : les provinces égyptiennes de la rive droite sont divisées entre les deux sphères d’influence par des finesses de rédaction où les droits établis sont à peine ménagés. L’Italie est autorisée à occuper temporairement Kassala jusqu’à la vallée de l’Atbara : « Il est convenu, entre les deux gouvernemens, que toute occupation militaire temporaire de ce territoire n’abrogera pas les droits du gouvernement égyptien sur ledit territoire, mais que ces droits demeureront simplement en suspens jusqu’à ce que le gouvernement égyptien soit en mesure de réoccuper le district en question.. . » « Droits du gouvernement égyptien, » « droits en suspens, » « droits de l’Italie » tout cela se contredit. Mais, qu’importent les formules ?

Un pas encore dans le même sens, en août 1893. C’est l’Allemagne qui, une seconde fois, prête l’office de sa bonne volonté. On traite pour les territoires des bassins du Niger et du lac Tchad. La diplomatie anglaise saisit l’occasion de faire un bond jusque dans la vallée du Nil : « Il est également convenu que l’influence allemande ne combattra pas l’influence anglaise à l’Ouest du bassin du Chari et que les pays du Darfour, du Kordofan et du Bahr-el-Ghazal, tels qu’ils sont définis dans la carte