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Se trouvant, pour la troisième fois aux affaires, à un moment où les difficultés entre l’Angleterre et la France étaient à leur comble, chercha-t-il à irriter et à compliquer ? Nullement ; mais à apaiser et à renouer. Un entretien des plus importans avec son prédécesseur, le jour même de la démission du Cabinet, l’avait mis au courant ; il acceptait, par devoir, une succession périlleuse, sans autre dessein que d’en revenir à la politique d’accord et, si possible, à des arrangemens honorables, en se servant des circonstances et en recourant aux points d’appui qui se rencontreraient. Il croyait, qu’avec de l’application et de la bonne volonté, on peut conduire les affaires même difficiles à bonne fin : c’était son seul dessein.

Il fallait, d’abord, dégager la situation, écarter le danger imminent. Des instructions formelles furent envoyées immédiatement à Constantinople, en Russie, à notre agent près de Ménélik. Malheureusement, du côté de Londres et de Berlin, il n’y avait plus rien à faire, pour le moment. On venait d’apprendre qu’une entente était intervenue entre les gouvernemens anglais, allemand et italien au sujet de la marche sur Dongola et que l’expédition était décidée[1].

Restait à prendre un parti au sujet de l’action dans le Haut-Oubanghi : maintien ou rappel de la mission Marchand ?

Cette mission, on l’a vu, avait été mise en préparation vers la fin de l’année 1895, au moment où le gouvernement français déclinait les propositions d’arrangement du Cabinet Salisbury[2]. Deux mois furent consacrés aux études et à l’organisation. Le 24 février 1896, M. Guieysse, ministre des Colonies, avait signé les instructions adressées au capitaine. D’après ces directions, le départ avait lieu en trois échelons aux dates du 25 avril, des 10 et 15 mai, si bien que M. Marchand, son interprète et quelques caisses de munitions restaient seuls à mettre en route, quand l’affaire revint à l’étude en mai 1896[3].

L’objet de la mission Marchand avait été défini par les

  1. La Gazette de l’Allemagne du Nord explique en ces termes la politique du gouvernement allemand, si différente de celle qui dictait le télégramme à Krüger : « Le gouvernement impérial, ayant constaté que l’adoption de cette proposition répond aux vues des deux autres Cabinets faisant partie de la Triple Alliance, aux désirs du gouvernement italien, les instructions dans ce sens ont été envoyées au Consul allemand au Caire. » Cité par De Caix, Fachoda, p. 162.
  2. Bulletin de l’Afrique française, 1896, p. 50.
  3. A. Lebon, la Politique de la France en Afrique, p. 3.