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siège est à la Bourse du travail, le syndicat des ouvrières de l’habillement dont le siège est rue de l’Abbaye, 5 ; enfin l’Union de la Chambre syndicale des ouvrières couturières et parties similaires dont le siège est rue de l’Université, 127[1].

Le syndicat des couturières lingères, dont la secrétaire générale, une personne fort intelligente avec laquelle j’ai eu le plaisir de causer, vient d’être nommée conseillère prud’homme, compte environ 300 membres. Mais presque toutes ses adhérentes travaillent en atelier, et, comme le syndicat des lingères est hostile au travail à domicile qu’il voudrait voir disparaître, il ne faut pas compter sur son action pour syndiquer les ouvrières travaillant à domicile. Le syndicat de la rue de l’Abbaye compte 575 membres ; mais la moitié seulement sont des lingères et encore elles travaillent presque toutes en atelier. Celui de la rue de l’Université accuse 650 syndiquées, qui peut-être n’acquittent pas toutes avec une égale régularité leur cotisation de 0 fr. 50 par mois. Le nombre des lingères travaillant à domicile y est infime. La vérité est qu’il n’y a pas de syndicat des ouvrières à domicile dans la lingerie ; on le comprend vu leur état de dispersion. Les réunir en syndicat serait une entreprise qui présenterait assurément ses difficultés, mais qui ne serait pas irréalisable, car elle a été tentée avec succès en Allemagne où un syndicat de cette nature est arrivé à réunir 6 000 membres, et paraît avoir exercé une influence heureuse sur les salaires. Cette entreprise mériterait de tenter une femme de cœur et d’intelligence qui s’y dévouerait avec désintéressement, de même que la comtesse de Kersaint s’est dévouée aux sociétés de secours mutuels féminines. Mais il ne faut pas se dissimuler que tout est à faire, au moins dans l’industrie de la lingerie à domicile.

Ce serait au reste une conception tout à fait fausse et étroite de l’action syndicale que d’y voir uniquement un moyen de relever les salaires. Bien comprise, bien conduite, l’action syndicale peut être beaucoup plus large. Le syndicat peut remplacer les anciennes, corporations et en assurer aux syndiqués les avantages, sans cependant présenter pour cela ce caractère d’étroitesse et de tyrannie qui a suscité contre les corporations

  1. Deux syndicats nouveaux ont été constitués, l’un dans le quartier de Plaisance, l’autre dans celui de Saint-Roch. Maia ils sont encore à l’état embryonnaire.