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parole brève, dans les professions de foi de sir Edward Grey, ce gentilhomme whig au jugement sûr et à l’âme droite, la moindre réserve sur la valeur des municipalisations. Ce collectivisme limité et local est accepté par les membres les plus modérés du parti libéral. Et nul n’a été surpris des efforts tentés, par voie législative ou administrative, pour encourager les conseils élus à persévérer dans la méthode amorcée il y a quelques trente ans. Le Housing and town-planning bill, dont la discussion n’a pas été achevée au cours de la session 1908, donne aux municipalités le moyen de se procurer à meilleur compte les ressources et le droit d’acquérir, de gré ou de force, les terrains nécessaires, pour construire dans la ville des maisons ouvrières et dessiner, autour de la cité, le plan de ses futurs agrandissemens. Enfin, lorsqu’une crise commerciale, sur laquelle nous aurons à revenir, est venue accroître le chômage, le ministre des Affaires locales, l’ancien ouvrier mécanicien, qui construisit de sa main le premier tramway électrique, John Burns, en ouvrant largement les cordons de la bourse nationale, a poussé les conseils élus dans la voie de la municipalisation. Pour occuper les sans-travail, ils ont emprunté 25 millions de plus que l’hiver dernier, et dépensé une partie de cette somme à développer leurs tramways, à améliorer leurs services d’éclairage, à étendre leurs laiteries, leurs lavoirs et leurs bains-douches.

Le Cabinet et le Parlement radical ne se sont point bornés à étendre le réseau des services municipalisés, à fortifier l’action clés groupemens corporatifs, à accroître le contrôle des lois interventionnistes. Ils ont complété par une politique agraire et des tendances fiscales, également socialistes dans leur esprit, le plus énergique effort qu’ait jamais tenté gouvernement anglais pour donner satisfaction aux revendications démocratiques.

Les conservateurs, désireux jadis d’arracher aux libéraux orthodoxes leur clientèle urbaine, avaient, sous l’impulsion d’un juif de génie, lord Beaconsfield, et d’un descendant de Marlborough, lord Randolph Churchill, amorcé l’interventionnisme législatif, exploité les intérêts trade-unionistes, justifié le socialisme municipal, fourbi toutes les armes que leur ont volées les radicaux. De même, lorsque les héritiers des tories