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États-Unis d’Amérique, s’inclinèrent et transmirent au gouvernement français la juridiction sur leurs sujets. L’Angleterre suivit le mouvement ; mais elle n’en était pas de meilleure humeur.

Une autre question, non moins épineuse, était toujours sur le tapis : à savoir le statut international et économique de la Tunisie. Il n’était pas douteux que l’Angleterre ne cherchât, dans cette affaire, comme dans celle de Madagascar, un élément de compensation à opposer aux revendications françaises partout ailleurs et notamment sur le Nil.

La presse anglaise ne manquait jamais de mettre en parallèle le sort de la Tunisie et celui de l’Egypte. Il y avait donc un intérêt capital, pour la France, à régler la difficulté sur elle-même. L’opposition de l’Angleterre s’appuyait sur celle de l’Italie. Le traité italo-tunisien arrivait à expiration ; le traité anglo-tunisien seul était sine die. Il fallut recourir, ici encore, au mouvement tournant. C’est en traitant successivement avec toutes les puissances (dont la première à céder, en échange de compensations équitables, fut l’Autriche-Hongrie) qu’on put isoler l’Italie et l’Angleterre. L’Italie elle-même, après la chute de M. Crispi, montrait des dispositions nouvelles. M. Visconti-Venosta était aux affaires. Les deux gouvernemens appréciaient, de plus en plus, la nécessité d’une détente d’abord, d’un rapprochement ensuite. Des négociations extrêmement laborieuses engagées à Paris, entre le comte Tornielli et le ministre des Affaires étrangères, aboutirent à l’arrangement de septembre 1896, qui emportait, de la part de l’Italie, une reconnaissance de la situation de la France en Tunisie. Un « Livre Jaune » était publié, en décembre 1896, contenant les cinq traités avec l’Autriche-Hongrie, la Russie, la Suisse, l’Allemagne, la Belgique. Maintenant que l’Italie avait cédé, que valait la tenace obstruction de l’Angleterre ? On aborda la question, très nettement et très franchement, auprès d’elle. Si elle refusait de laisser modifier la situation, le gouvernement français ne lui laissait pas ignorer qu’il recourrait à l’annexion. L’exemple de Madagascar était d’une éloquence immédiate. Malgré tout, les dispositions étaient telles en Angleterre qu’il fallut attendre encore pour obtenir, du Cabinet de Londres, la reconnaissance qui avait été accordée par toutes les autres puissances.

Partout, en Afrique, l’écheveau s’embrouillait. Depuis l’interruption des négociations engagées, l’année précédente, au