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les affaires du Niger, dit : « Il y a une limite à l’exercice des qualités de conciliation, et nous ne pouvons permettre que nos droits les plus élémentaires soient foulés aux pieds. » A propos d’un de ces nombreux incidens dont la hardiesse des missions semait le terrain de la négociation, comme d’autant de chevaux de frise, — le passage de l’expédition Casemajou sur un territoire attribué à l’Angleterre, — M. Chamberlain dit, avec une véhémence tout autre, devant la Chambre des communes : « Des pays que la Grande-Bretagne croyait être sa propriété ont été surpris et envahis… Cette situation, nous ne pouvons l’accepter. Aussi, nous avons pensé qu’il était nécessaire d’organiser une armée de frontières… La création de cette armée est indispensable, que le différend avec la France ait une solution satisfaisante ou non… »

Quel ministre français eût tenu, à pareille époque, un tel langage visant une puissance amie ?

D’autre part, comment arracher l’Angleterre à cette position négative et menaçante ? Le Cabinet de Londres négociait-il pour amuser le tapis ; ou bien, ne gardait-il pas un secret désir d’arriver à une entente, en dépit des pronostics fâcheux, des polémiques voulues et des obstacles trop réels qui s’opposaient au progrès du travail des commissaires ?

La tendance des plénipotentiaires anglais était de diminuer et de rétrécir, en quelque sorte, l’objet de la négociation, de la ramener à l’étude des cas particuliers et des délimitations régionales. Le gouvernement français, ne perdant pas de vue le but qu’il s’était proposé, s’efforçait de lui donner un caractère plus général ; il eût voulu l’étendre, pour ainsi dire, sur l’Afrique dans toute sa largeur. La pierre de touche des sentimens réciproques était là. Le succès serait considéré comme possible, si on parvenait à englober dans une seule et même tractation, non seulement la rive droite du Niger, mais la rive gauche, le lac Tchad, et, ainsi, les territoires allant jusqu’au bassin du Nil.

Toutes les questions de détail avaient été étudiées, éclaircies. Il fallait conclure ; les minutes devenaient précieuses.

Le ministre des Affaires étrangères crut devoir intervenir personnellement dans la négociation. Il eut plusieurs entretiens avec sir Edmund Monson : il invoqua les nécessités supérieures de l’entente. Une amélioration se produisit ; on résolut d’agir.

Le 26 novembre, les commissaires français déclarèrent,