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Reste l’Abyssinie. Pendant quatre ans, la politique française s’occupa, avec une assiduité constante, des relations avec l’Abyssinie. Dès que l’on connut l’arrangement franco-italien du 15 avril 1891, le Cabinet de Paris avait protesté contre les clauses qui portaient atteinte à l’indépendance du Harrar et de l’Ethiopie. Puis les événemens s’étaient déroulés. La défaite des Italiens en 1896 et le traité d’Addis-Abeba avaient laissé le champ libre à la politique française ; les luttes d’influence entre des interventions rivales nombreuses, actives et ingénieuses, se compliquent auprès de la plupart des princes africains, de rivalités locales entre les grands personnages indigènes. C’est un travail délicat et lent. Permis aux critiques d’édicter « ce qu’il faudrait faire ; » au pied du mur, ils trouveraient, eux aussi, les difficultés, les oppositions obscures, les décourageantes lenteurs.

En mars 1895, Ménélik, se rendant compte des avantages d’une entente avec la France, avait proposé à celle-ci de renouveler le traité de commerce conclu, en 1843, par le roi du Choa avec M. Rochet d’Héricourt, au nom du roi Louis-Philippe. Un an se passa. Dès la constitution du Cabinet Méline, les pourparlers furent repris activement. Le Président de la République adressa une lettre personnelle à Ménélik où l’on acceptait la désignation de Djibouti comme port officiel de l’Ethiopie. Un Français, M. Chefneux, obtint, bientôt, la concession de la voie ferrée qui devait relier Djibouti à Harrar (octobre 1896). Le gouverneur d’Obock, M. Lagarde, quittait la France, en décembre, avec les pouvoirs et les instructions nécessaires pour organiser toute une action abyssine combinée avec celle de la France sur le Nil. Les instructions disaient : « J’ai mis à votre disposition, sur le solde du crédit des missions, une somme importante destinée à favoriser l’expansion de notre influence pacifique dans l’Empire. Ces fonds doivent être principalement affectés à l’exploration des régions du Sobat et de la rive droite du Nil… Je n’ai pas besoin d’insister sur le haut intérêt politique qui s’attache à la réussite de ces projets et sur le secours que la mission du Haut-Oubanghi pourrait en recevoir… »

Trois objets étaient assignés aux efforts des représentans de la France : 1° Organiser des missions d’exploration françaises destinées à se rencontrer sur le Nil avec la mission Marchand. On connaît les travaux si honorables des missions Clochette et Bonvalot, Bonchamps, Faivre et Potter, qui atteignirent Nasser sur