Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 49.djvu/745

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

libre. Par le précédent de 1894, par les pourparlers qui avaient eu lieu avec lord Kimberley, par les documens échangés en décembre 1897, la question était abordée, certains principes posés. Il fallait s’efforcer de dégager les conséquences de ces prémisses avant que le choc se produisît.

Se maintenir dans le Bahr-El-Ghazal n’avait rien d’impossible, si on savait conclure à temps, — la suite de la tractation avec lord Salisbury le montra bientôt ; — et c’était suffisant pour l’honneur, pour l’intérêt du pays, pour la récompense de l’effort accompli, au cas où on ne pourrait obtenir davantage. Mais, si on laissait le succès s’affirmer et la rencontre se produire, la faiblesse de notre situation apparaissait ; le parti impérialiste triomphant mettrait le comble à ses exigences ; les conciliateurs seraient débordés.

En tous cas, une négociation finale menée à temps, avec l’ensemble des concours qui convergeaient vers ce but unique, permettrait de parer au principal danger, celui d’un choc peut-être brutal entre les deux forces inégales qui devaient se trouver bientôt en contact. En quittant le quai d’Orsay, le ministre des Affaires étrangères du Cabinet Méline insistait pour qu’on demandât, sans retard, aux Chambres la ratification de la Convention de juin 1898 et qu’on poursuivît sans délai les négociations.

Après tant d’obscurités qui ont plané sur ce débat, il faut dire, ici, selon la loi de l’histoire, ce qui est conforme à la vérité : la Convention de juin 1898 avait été mal accueillie et fut frappée de discrédit par les adversaires du Cabinet Méline. On la jugeait insuffisante, on blâmait certaines concessions commerciales qui avaient paru indispensables pour obtenir le Mossi et le Gourounsi. On reprochait aux négociateurs d’avoir manqué d’énergie à l’égard de l’Angleterre. Les mêmes raisons et les mêmes influences-qui avaient fait échouer l’arrangement de 1894, qui avaient fait rejeter les propositions de lord Salisbury relatives à Dongola, agissaient. On retarda la ratification de la Convention de juin, et la négociation africaine fut, en fait, interrompue.

Le reproche que l’on faisait à la Convention de 1898, on le faisait à l’ensemble de la politique étrangère du Cabinet Méline. Il se retrouve dans les critiques soulevées, à la Commission de la Chambre, contre les conventions franco-chinoises relatives à