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la « petite académie, » il était nommé commis de M. Colbert pour la surveillance des bâtimens et travaux d’art (sans titre précis, du reste, me semble-t-il, dans les commencemens). Quelque temps après, la « petite académie » fut augmentée de M. Charpentier qui devait particulièrement remplir l’office d’historiographe du Roi et, à peu près dans le même temps, elle fut comme consacrée par sa présentation au Roi et par ces paroles gracieuses que le Roi lui adressa : « Vous pouvez, messieurs, juger de l’estime que je fais de vous, puisque je vous confie la chose du monde qui m’est la plus précieuse, qui est ma gloire. Je suis sûr que vous ferez des merveilles ; je tâcherai, de ma part, de vous fournir de la matière qui mérite d’être mise en œuvre par des gens aussi habiles que vous êtes. »

Vinrent alors les affaires du Louvre que j’ai brièvement contées à propos de Claude Perrault, le médecin devenu architecte, et sur lesquelles je ne reviens pas.

Les années s’écoulèrent. Charles Perrault fut nommé officiellement contrôleur général des bâtimens. Il était très puissant, « très recherché des hommes de lettres, dit Voltaire pendant la vie de son protecteur et abandonné par eux ensuite, » comme il est naturel. En 1669 il tourna les yeux vers l’Académie française, lors de la mort de Gilles Boileau, frère de Nicolas. Mais « le chancelier, » c’est-à-dire M. Séguier, chancelier de France et « protecteur de l’Académie française, » avait un autre candidat. Perrault s’abstint. A quelques mois de là, M. de La Chambre étant mort, Perrault voulut se présenter ; mais, cette fois, c’était Colbert lui-même qui avait son candidat, à savoir le propre neveu du défunt, M. de La Chambre, curé de Saint-Barthélemy. Il fallut encore s’effacer. Il me semble bien que Perrault fut blessé de la docilité de la Compagnie dans ces deux circonstances. Il dit en effet : « Le procédé de l’Académie, dont j’étais fort content, déplut tellement à mes frères et ils me fatiguèrent si fort là-dessus que je laissai passer M. Régnier, M. Quinault et plusieurs autres. » Je lis entre les lignes, sans rien forcer, ce me semble, que Perrault, sans en vouloir précisément à l’Académie, ne laissa pas de partager un peu la mauvaise humeur de ses frères et bouda quelque temps (pendant deux ans et demi) la Compagnie. Enfin après la mort de M. de Montigny, évêque de Laon, Perrault fut nommé tout d’une voix,