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REVUE MUSICALE


CONCERTS DU CHATELET : Les Enfans à Bethléem, mystère en deux parties, poème de M. Gabriel Nigond, musique de M. Gabriel Pierné. — THEATRE DE L’OPERA : Monna Vanna, drame lyrique en quatre actes, paroles de M. Maurice Maeterlinck, musique de M. Henry Février. — Ernest Reyer.


Le second oratorio de M. Gabriel Pierné n’est pas une suite, encore moins une redite, mais plutôt une variante du premier. Plus heureux que leurs aînés, ceux de la Croisade des enfans, que la mer avait engloutis, les petits pèlerins cette fois sont arrivés au petit Jésus.

L’originalité poétique et musicale de ce nouvel ouvrage, comme du précédent, consiste dans le caractère ou la couleur enfantine qui partout y est répandue. Ici encore rien n’appartient, ne se rapporte qu’à des enfans. De là, sur l’antique sujet de Noël, des réactions nouvelles, une transposition constante et délicieuse dans le ton de la naïveté, dans le mode innocent. « Maestro dei putti, » c’est le nom que portaient, au XVIe siècle, les maîtres de chapelle italiens. M. Pierné le mériterait à son tour. Et, pour les petits, ce maitre-là n’est pas, comme tant d’autres, un « mauvais maître. » Son talent fut, toujours national, autant, qu’il est ici religieux. Des œuvres telles que la Croisade des enfans et les Enfans à Bethléem sont, pour ainsi dire, une revanche des Beaux-Arts contre l’Instruction publique. Dans ce double département elles font une scission heureuse. L’oratorio se divise en deux parties : la Plaine et l’Étable. Dans a plaine, autour du village, des enfans bergers, dansant et chantant, gardent leurs troupeaux. La nuit est venue et, sur leur tête, voici