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social vers la décomposition finale. Et quand on songe que tout cela est arrivé parce que quelques officiers sont allés un dimanche à la messe, on se demande sous quel régime nous vivons.

Après cet intermède, la Chambre a repris la discussion de l’impôt sur le revenu, et on a pu constater une fois de plus qu’elle était résolue à en finir au plus vite. Les élections doivent avoir lieu l’année prochaine, au printemps ; nos députés, redevenus alors candidats, veulent pouvoir dire au pays qu’ils ont tenu leurs promesses et voté la grande réforme fiscale à laquelle tant d’espérances ont été attachées. Le reste leur est indifférent.

Parmi les amendemens qui se sont produits, il en est un cependant qui mérite une attention particulière : M. Théodore Reinach en est l’auteur. Il avait un double objet : le premier d’abaisser assez sensiblement le chiffre de revenus à partir duquel l’impôt complémentaire commencerait à être appliqué, le second de substituer à la déclaration du contribuable un certain nombre de signes, d’indices, qui permettraient de supputer le chiffre de son revenu. Si l’amendement de M. Reinach avait été voté, les vices rédhibitoires de l’impôt complémentaire auraient été atténués dans des proportions appréciables : malheureusement, il ne l’a pas été, bien qu’il ait obtenu une minorité plus forte que d’habitude. Qu’est-ce, au fond, que cet impôt complémentaire, ou plutôt que devrait-il être ? Dans notre système fiscal actuel, deux de nos vieilles contributions directes l’impôt personnel mobilier et l’impôt des portes et fenêtres, ne sont autre chose qu’un impôt général sur le revenu, et nul n’aurait fait d’objection à ce qu’il fût remanié et perfectionné sous le nom nouveau d’impôt complémentaire, s’il avait conservé son double caractère, qui est d’être réel et non pas personnel, c’est-à-dire de s’appliquer aux choses et non pas aux personnes, et enfin d’être proportionnel et non pas progressif. M. Théodore Reinach a passé condamnation sur le second point ; son impôt complémentaire reste progressif ; mais pour y intéresser un plus grand nombre de contribuables, ce qui est une garantie contre les abus qu’on tend à y introduire, il propose d’abaisser sensiblement le chiffre du revenu imposé. Cela permettrait d’augmenter le rendement de l’impôt sans qu’on fût obligé de faire supporter aux riches, — il faut bien les appeler par leur nom, — des charges excessives, écrasantes même, comme le fait M. Caillaux dans son projet.

Mais la partie la plus intéressante de l’amendement de M. Théodore Reinach est celle qui rétablit le régime indiciaire à la place