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Finalement, après avoir tenu plusieurs conseils des ministres, le gouvernement ottoman a abouti à une contre-proposition qui, elle aussi, est ingénieuse, mais qui soulève un trop grand nombre de questions pour qu’on puisse y répondre sans les avoir étudiées avec soin. Il a déclaré qu’il ne pourrait pas faire un emprunt dans de bonnes conditions s’il n’avait pour gage à lui donner qu’un petit nombre d’annuités de l’indemnité qu’il devait à la Russie. L’opération ne serait pas assez large pour être fructueuse ; il serait dangereux de s’y engager. En conséquence, le gouvernement ottoman exprimait le désir de consolider toute sa dette envers la Russie et de s’en libérer d’un seul coup. Alors il serait facile d’arriver à un règlement définitif avec la Bulgarie, si la Russie persistait dans ses bonnes dispositions à l’égard de cette dernière, et avec la Russie elle-même. Ce n’est pas la première fois qu’un projet de ce genre a été mis à l’étude entre les deux pays ; il a déjà été sur le point de réussir en 1895. Cependant on ne s’attendait à rien de tel à Saint-Pétersbourg et quelques jours s’écouleront sans doute avant qu’on y fasse une réponse. Il semble, à première vue, que la contre-proposition ottomane n’est pas inacceptable dans son principe : mais, à en supposer le principe accepté, les modalités d’exécution ne sont pas faciles à déterminer. Ces questions de chiffre doivent être traitées par des spécialistes ; nous manquons de lumières pour les résoudre. Quoi qu’il en soit, il est désirable que M. Isvolski ne perde pas le bénéfice de l’initiative qu’il apprise, et qui pourrait être féconde en heureux résultats. Le premier de tous serait le maintien de la paix mieux assuré. Nous avons dit souvent que tout le monde le voulait, et le fait reste vrai ; mais nous marchons vers le printemps, nous y arriverons bientôt, et c’est alors que les mauvaises tentations seront le plus à craindre. C’est alors aussi qu’il serait bon d’avoir mis fin aux différends dont la solution dépend de la prévoyance des hommes : il y en a malheureusement qui lui échappent.


Le voyage que le roi Edouard VII vient de faire à Berlin, accompagné de la reine Alexandra, est un événement de bon augure. Ce voyage devait avoir lieu un jour ou l’autre : il fallait bien que le roi Edouard rendît à son neveu, l’empereur Guillaume, la visite qu’il avait reçue de lui ; mais le choix du moment a son importance, et la présence de la reine est une manifestation des sentimens cordiaux, affectueux même, dont le Roi est animé en ce moment. Il faut souhaiter que l’entrevue des deux souverains serve au rapprochement des deux