Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 50.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Canada sont membres d’un même corps mieux que la Prusse et la Bavière. »

Pour l’Allemagne comme pour les États-Unis, l’attitude des hommes d’Etat canadiens est donc l’expectative. La campagne des avances allemandes prend cependant une certaine force, du fait des hésitations du Sénat français à ratifier le traité de commerce franco-canadien, signé déjà depuis plusieurs mois. Les dispositions du Canada pour la France, l’amie de l’entente cordiale, sont présentement excellentes ; on désire vivement, de l’autre côté de l’Atlantique, donner une consécration d’ordre pratique aux effusions du Tricentenaire ; aussi bien le cabinet Laurier a-t-il fait les premier pas, puisqu’il subventionne largement un service à vapeur direct de France au Canada ; si des subventions françaises étaient accordées, le service serait fait, par moitiés, sous l’un et l’autre pavillon ; des ministres canadiens, MM. Fielding et Brodeur, sont venus à Paris négocier le traité, qui doit remplacer une convention de 1893, ridiculement restreinte à l’énumération de quatre ou cinq articles, ils ont consenti des avantages aux spécialités françaises, telles que vins fins, étoffes de prix, etc. La Chambre française a voté le projet de loi, mais des objections se sont élevées au Sénat.

D’abord, un traité anglo-suisse, de 1855, portant la clause de la nation la plus favorisée, les importations suisses, de soie par exemple, seraient traitées aussi avantageusement que les françaises ; puis les viticulteurs français réclament des détaxes pour les vins légers en alcool, les fabricans de machines agricoles protestent contre les modérations de droits accordées aux machines canadiennes. Nous n’avons pas qualité pour discuter ces griefs ; observons seulement que, dût la Suisse, dût l’Autriche aussi, bénéficier sur le marché canadien d’avantages spécifiquement consentis à la France, la concurrence entre les producteurs de ces trois pays demeure réglée sur le même pied qu’aujourd’hui ; d’autre part, il est difficile d’espérer pour les vins ordinaires de France un marché très étendu au Canada ; les viticulteurs d’Ontario ne font assurément pas encore des bordeaux « bourgeois, » mais ils étendent leur vignoble et améliorent leur fabrication ; ils ne permettront jamais que des rivaux du dehors accaparent leur clientèle ; pour les vins chers, au contraire, la France n’a de rivaux à craindre nulle part ; dans un pays qui s’enrichit comme le Canada, les débouchés