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qui ouvrit des voies nouvelles et tenta des chemins non foulés avant lui. Son grand mérite est d’avoir reconnu celles des routes déjà tracées qui conduisent le plus sûrement à la vérité et d’y avoir marché droit devant lui avec une ténacité imperturbable. »


V

Le docteur Woltmann fut un germaniste au sens purement théorique et philosophique de ce mot, un Aryaniste, un prophète mystique des destinées de la race blonde épandue sur le globe entier, bien plutôt qu’un Pangermaniste au sens actuel et politique de ce terme. Il n’oublia jamais la période socialiste de sa pensée et ne put se réconcilier avec les méthodes gouvernementales usitées dans son pays. A un pangermaniste véritable, dont il nous reste à parler présentement, à M. J. -L. Reimer, il exprimait, peu avant sa mort, ses doutes sur la mission civilisatrice de la nation allemande. « Je crois contestable, disait-il, que la forme de l’esprit allemand et celle de la politique prussienne soit la plus caractéristique de l’âme germanique et la plus digne de la race blonde[1]. » Son germanisme était donc un idéal moral auquel rien encore ne lui semblait correspondre parfaitement autour de lui. L’homme qui recueillait cet aveu de sa bouche, a tenté hardiment d’appliquer les théories germanistes à la situation présente de l’Europe, aux destinées prochaines de l’Allemagne et d’en tirer un système politique complet, un pangermanisme aussi efficacement armé que possible pour satisfaire son appétit démesuré de conquête. D’origine autrichienne, M. Reimer n’a cependant pour ses souverains naturels, les Habsbourg, et leur conception de gouvernement que des paroles sévères, il a placé tout son espoir dans la monarchie des Hohenzollern et il a donné à son rêve d’une Allemagne pangermaniste[2], sous l’hégémonie de la Prusse, des contours si précis et un relief si audacieux qu’on trouvera grand profit à en parcourir un instant du regard les vertigineuses perspectives.

  1. Politisch-anthropologische Revue, VI, I, p. 87.
  2. Ein pangermanisches Deustchland, Berlin, 1905. M. Reimer a publié de plus quelques études dans la Revue du Dr Woltmann et une curieuse brochure intitulée : Grundzuege deutscher Wiedergeburt, Leipzig, 1906.