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préliminaires d’existence pour une Allemagne pangermaniste en Europe. Puisque le seul internationalisme que ratifie la science naturelle du temps présent c’est, dit M. Reimer, l’association plus ou moins volontaire entre nations sous l’hégémonie de la race privilégiée qui forme leur élément commun de civilisation, voyons à quelles propositions pratiques il s’arrête afin de préparer un internationalisme de cette sorte, un internationalisme germaniste, pour la réalisation duquel il donnerait volontiers la main aux démocrates socialistes, préalablement convertis à l’évangile de la race. Il estime d’abord que l’Allemagne actuelle, dépouillée chaque année par l’émigration de la fleur de sa jeunesse, a besoin d’étendre son territoire aux dépens de peuples moins prolifiques et moins doués. Mehr Land, un plus vaste domaine ! C’est là le premier mot d’ordre de la campagne pangermaniste. Ce territoire doit être demandé non seulement à la colonisation lointaine, mais aux nations voisines de l’Allemagne qui sont moins germaniques qu’elle-même, à l’Autriche, à l’Italie, à la France. Ces pays seront donc conquis, et les petites nations germaniques du Nord, Pays-Bas et Scandinavie, seront incorporées à l’Empire par la persuasion, — s’il est possible.

Afin de paralyser sur ce territoire, étendu par les armes et par la diplomatie, un retour offensif des puissances antigermaines, afin de préparer à l’humanité germanique un avenir digne de ses mérites, M. Reimer propose d’appliquer hardiment les conseils sélectifs de M. de Lapouge. Une sélection négative très décidée écartera sans retard de la surface d’une plus vaste Allemagne les races inférieures, indignes de contempler en ce lieu la lumière du jour. A cet effet une caste supérieure sera créée dont les membres seuls pourront reprendre à leur compte l’affirmation hautaine des conquérans romains et prononcer à leur tour : « Civis sum germanus. Je suis citoyen germain. » La Civitas germanica, le droit de cité sans restriction, la capacité politique entière n’appartiendra qu’aux individus de race pure, car les cheveux blonds, les yeux bleus, le teint clair, la haute stature, le crâne allongé serviront de renseignemens à une commission composée de médecins, d’anthropologues, d’éleveurs et d’artistes qui décernera à bon escient le diplôme civique. — Au-dessous de ce groupe privilégié, on pourra peut-être former une autre caste de demi-Germains, dépourvus du droit de s’allier aux Germains complets dont ils risqueraient de gâter la