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Constantin et de Fausta ; au centre, un Christ à longue barbe est assis, la tête entourée du nimbe crucifère.

Un grand nombre de monumens permettent de se faire une idée assez précise de l’évolution de l’art chrétien en Egypte. L’architecture y est syrienne ou mésopotamienne d’inspiration. Du IVe siècle datent l’église du monastère de Saint-Siméon à Assouan ainsi que le Deïr-Abiad (couvent blanc) fondé par l’ascète national Schenouti en Thébaïde. En 1906, Kaufmann et Falls ont déblayé, à deux kilomètres du lac Maréotis, la grande basilique construite par Arcadius en l’honneur du martyr si populaire saint Menas. Tous ces monumens montrent l’emploi de la coupole sur trompes, de l’arc elliptique ou brisé ; les coupoles affectent parfois la forme ovoïde, et le chœur comprend les trois absides tréflées originaires de Syrie. Les murs sont décorés de marbres ou de fresques. La sculpture égyptienne, tant celle des chapiteaux que celle qui règne sur le mobilier de bois, procède des mêmes inspirations que celle de Mschatta ou de l’Asie Mineure. Sur les bas-reliefs comme sur les ivoires dominent des motifs empruntés par le symbolisme copte à l’art hellénique, à l’Orient ou aux antiques traditions égyptiennes : l’Isis à la corne d’abondance ; le cavalier couronné par des victoires, dont l’ivoire Barberini acquis par le musée du Louvre semble être un des plus anciens modèles ; les motifs, si répandus dans l’art des catacombes, des rinceaux de vigne sortant d’un vase, de la croix ansée, de l’Orante, etc.

Deux découvertes récentes ont jeté une vive lumière sur le développement de cette iconographie égyptienne. Sur la rive gauche du Nil, à Baouît, à 30 kilomètres au Sud d’Ashmounein (Hermopolis Magna), M. Clédat a déblayé, dans sa campagne de 1901-1902, deux églises et plus de trente chapelles funéraires décorées de fresques. Ce sont de petits édifices carrés surmontés d’une coupole hémisphérique ou d’une voûte en berceau. Dans la montagne voisine, d’autres caveaux sont creusés dans le roc et ornés également de peintures. L’ensemble de ces monumens date du Ve siècle : toute l’iconographie chrétienne se déroule sur leurs murs au milieu d’un cadre d’ornemens symboliques. On y retrouve les vignes sortant d’un vase et retombant en méandres, les enroulemens de feuillage, les figures géométriques, losanges, entrelacs, polygones, qui semblent déjà un décor tout arabe. Une série de douze fresques représente l’histoire de