Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 50.djvu/695

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

éviter la peine que méritent ses actes. Mais dans le cas où il s’agit de vrais malades ayant conscience de leurs troubles psychiques et désireux de se faire traiter, la loi nouvelle leur ouvre largement la porte de l’asile et elle fait bien.

De même, l’article 26 autorise le placement de toute personne dont le maintien en liberté compromettrait, en raison de son état d’aliénation mentale, la sécurité, la décence ou la tranquillité publiques, sa propre sûreté ou sa guérison. Comme atténuation de cette disposition qui oblige tout aliéné à se faire traiter, les articles 8 et 9 admettent le principe du traitement de l’aliéné dans sa famille, sous certaines conditions de surveillance médico-administratives.

Nous avons montré plus haut, à propos de la question d’isolement dans un asile, que certains malades, mélancoliques sans délire, persécutés inoffensifs, démens séniles, paralytiques généraux arrivés au dernier stade de leur affection cérébrale, pourraient aussi bien être traités chez eux. A la rigueur, on peut même organiser, si la situation de fortune s’y prête, un isolement dans une maison de campagne aménagée à la façon d’une maison de santé. La loi nouvelle veut seulement que l’autorité compétente puisse s’assurer que la personne ainsi isolée est vraiment atteinte d’une affection mentale et qu’elle reçoit les soins indispensables, appropriés à son état morbide. On ne peut que souscrire à des dispositions aussi protectrices.

De même, les colonies familiales départementales, si précieuses pour l’assistance de certains aliénés, sont autorisées par l’article 2.

La colonisation des aliénés ou leur placement dans les familles des paysans constituent des systèmes de traitement inspirés du plus grand libéralisme. Les premières tentatives de colonisation de ces malades ont été faites en France, vers 1826, à Bicêtre. C’est le docteur Ferrus, médecin de cet hospice, qui eut l’idée d’occuper à l’air libre ses quatre cents aliénés. « Le travail des champs, a-t-il constaté dans un de ses rapports, est le meilleur calmant pour l’aliéné[1]. » Cette tentative ébauchée en France trouve des imitateurs en Allemagne. A partir de 1860, ce mode d’assistance est adopté dans tous les pays civilisés. Le système idéal consiste à établir une vaste colonie agricole autour

  1. Annales médico-psychiques, 1861.