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une communication du prince Léopold. » Il s’empresserait alors de donner une réponse définitive.

Dans l’après-midi de ce même jour, le 11, nous étions nous-mêmes aux prises avec l’opposition intraitable de la Chambre. Quoique nous n’eussions rien à annoncer, nous crûmes ne pas devoir refuser quelques paroles aux exigences publiques. Gramont monta à la tribune et dit : « Le gouvernement comprend l’impatience de la Chambre et du pays, il partage ses préoccupations ; mais il lui est impossible de portera leur connaissance un résultat définitif. Il attend la réponse d’où dépendent ses résolutions. Tous les Cabinets auxquels nous nous sommes adressés paraissent admettre la légitimité de nos griefs. J’espère être très prochainement en mesure d’éclairer la Chambre, mais aujourd’hui je fais appel à son patriotisme et au sens politique de chacun de ses membres pour les prier de se contenter pour le moment de ces informations incomplètes. »

Nonobstant cette invite, Emmanuel Arago, dominant de sa voix tonitruante tous les murmures, demanda « si les questions adressées à la Prusse n’ont trait qu’à l’incident spécial, qu’à l’offre faite par le maréchal Prim à un prince prussien ; s’il en est ainsi, dit-il, je crois qu’on doit espérer une réponse satisfaisante, une assurance de paix ; mais, si les questions sont complexes et de nature à soulever d’autres discussions que l’incident Hohenzollern, nous serions malheureusement obligés de les considérer comme offrant d’autres prétextes à une déclaration de guerre. »

Notre déclaration du 6 juillet, uniquement relative à l’incident spécial, n’était donc pas une déclaration de guerre, comme l’avait hurlé tout d’abord le même orateur. Gramont s’éleva dans l’intention d’affirmer que nous n’avions soulevé aucune question étrangère à la candidature espagnole et que nous n’en soulèverions aucune autre. Une tempête véritable, venue de la Droite, ne lui permit pas de proférer une parole, et il fut malgré lui condamné, par le vote de la clôture, à un silence dont triompha la mauvaise foi des opposans : « On tirera du silence du ministre telle conséquence que de raison, » dirent-ils. De telle sorte que les observateurs, peu au courant de la véritable réalité, purent, imputant à la volonté du gouvernement les manœuvres qui étaient la tactique de ses adversaires, écrire, comme le fit Waldersee, attaché militaire prussien : « La