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Antoine le mit au courant, et celui-ci immédiatement télégraphia à son maître la résolution déjà communiquée à Olozaga. Le 12 au matin, trois télégrammes en clair furent expédiés par le prince Antoine. Le premier : « Au maréchal Prim, Madrid : — Vu la complication que paraît rencontrer la candidature de mon fils Léopold au trône d’Espagne, et la situation pénible que les derniers événemens ont créée au peuple espagnol, en le mettant dans une alternative où il ne saurait prendre conseil que du sentiment de son indépendance, convaincu qu’en pareilles circonstances, son suffrage ne saurait avoir la sincérité et la spontanéité sur lesquelles mon fils a compté en acceptant la candidature, je la retire en son nom. » Le second adressé à Olozaga : « A Monsieur l’ambassadeur d’Espagne à Paris : — Je crois de mon devoir de vous informer, comme représentant d’Espagne à Paris, que je viens d’expédier à Madrid, au maréchal Prim, le télégramme suivant (suivait le texte donné plus haut). » Le troisième télégramme était adressé aux principaux journaux de Berlin et d’Allemagne, notamment à la Gazette d’Augsbourg, à la Gazette de Cologne et aux agences télégraphiques allemandes : « Le prince héritier de Hohenzollern, pour rendre à l’Espagne la liberté de son initiative, renonce à la candidature au trône d’Espagne, fermement résolu à ne pas laisser sortir une question de guerre d’une question de famille, secondaire à ses yeux. — Par l’ordre du prince, le conseiller de la Chambre : LESSER. »

Le télégramme à Prim revint de Madrid à Paris le soir vers cinq heures. La dépêche à Olozaga arriva à Paris à 1 h. 40. Celle aux journaux allemands parvint dans l’après-midi, assez tôt pour que les agences pussent, avant le soir, en expédier la nouvelle à leurs correspondans, cercles, banquiers, journaux, etc. La Gazette de Cologne, la Gazette d’Augsbourg, et autres journaux l’insérèrent dans leur édition du soir. Ainsi la nouvelle ne parvint pas de Madrid à Paris : elle arriva simultanément à Paris et à Madrid et peu après, directement aussi, dans tous les centres importans d’Europe.

En même temps que les télégrammes volaient vers Paris et Madrid, Strat et le colonel Strantz quittaient Sigmaringen, l’un rentrant à Ems avec une lettre du prince Antoine expliquant les motifs de sa résolution spontanée, l’autre apportant à Olozaga l’original même de la renonciation.

Il restait encore à Sigmaringen un personnage qui, comme