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tout le monde dans cette période, attendait. C’était l’amiral Polo de Bernabé. Depuis plusieurs jours déjà il était arrivé portant la lettre officielle de Prim, qui offrait la couronne au prince Léopold. Le prince Antoine, délibérant encore, lui avait dit, comme le roi de Prusse le disait à Benedetti, que le prince voyageait dans le Tyrol. Et l’amiral attendait son retour. La renonciation décidée, le prince Antoine l’en instruisit, lui disant que, maintenant, il devait considérer sa mission comme terminée et rentrer à Madrid. L’amiral lui objecta que, malgré cette assurance, sa mission ne prendrait fin que lorsque le pli dont il était porteur ayant été remis au prince Léopold, celui-ci lui aurait donné sa réponse officielle. Il fallait donc tirer le prince de sa cachette, l’exhiber à l’amiral espagnol et en obtenir une lettre de renonciation officielle. Le prince refusa[1]. Alors se passèrent entre le père et le fils des scènes très violentes. Ces princes de Hohenzollern, sous des formes charmantes, cachaient un fond de dureté tyrannique ; autour d’eux, tout pliait sous une discipline de fer. Le père alla jusqu’à menacer son fils de le faire enfermer dans une maison de fous s’il persistait à lui désobéir. Le jeune prince finit par se soumettre[2]et remit à l’amiral sa renonciation. Quand le général Lopez Dominguez survint, l’amiral lui fit savoir qu’il n’avait plus qu’à retourner avec lui à Madrid, que tout était terminé.


EMILE OLLIVIER.

  1. Lettres de l’amiral Polo de Bernabé à Emile Ollivier, du 12 juillet 1888 et du 2 août 1888.
  2. Sur les dispositions du prince Léopold, j’ai les témoignages conformes des deux envoyés espagnols. L’amiral Polo de Bernabé m’a écrit (2 août 1888) : « Creo tambien la contrarietad del hijo por esa resolucion de su Padre. » — Lopez Dominguez m’a écrit également : « Ordén que aun contrariendole mucho acatabe il archiduque (prince) (17 juillet 1888). »