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LE DERNIER DES ATTIQUES

MÉNANDRE

On aurait pu se demander, il y a une dizaine d’années, s’il était raisonnable de parler encore de Ménandre. N’avait-on pas dit tout ce qu’il y avait à dire d’un poète dont aucune pièce ne subsistait ? Aujourd’hui, on se demanderait avec plus de raison s’il n’est pas trop tôt pour tenter une étude nouvelle sur l’homme et sur son œuvre à l’aide de ce qui en a été retrouvé. Évidemment, nous pouvons espérer, nous espérons bien que les découvertes récentes ne seront pas les dernières. Et, d’autre part, ces découvertes, quelle qu’en soit l’importance, n’éclairent encore qu’imparfaitement les parties les plus nécessaires d’une telle étude. Mais, après tout, n’est-ce pas la condition même de l’histoire littéraire que de se faire peu à peu sans s’achever jamais ? Et du moment qu’elle ne vise pas au définitif, pourquoi n’essaierait-elle pas de renouveler ses jugemens, à titre provisoire, chaque fois que l’occasion lui en est offerte par un accroissement notable de ses connaissances ?

Le théâtre de Ménandre, composé de plus de cent comédies, a été considéré unanimement par l’antiquité comme une des productions les plus exquises de la poésie attique. Il semble qu’Athènes, au moment où ses destinées historiques prenaient fin, ait comme recueilli et concentré en cet esprit charmant la