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Et c’est le seul lien qui retient ma franchise
Libre de ton servage et de cette rigueur
Qui fait que la raison te fuit et te méprise
……..
Qui veut te résister est aussitôt le maître
……..
C’est à cette beauté qui n’a point de seconde
Qu’est réservé l’honneur de vaincre l’univers…
………
Et pense qu’en cédant à tant d’appas divers
On cède à la vertu qui les rend invincibles.


Ce stoïcisme tout cornélien, on le retrouve encore dans une autre pièce Sur la guérison apparente du Roi. C’est Louis XIII qui parle :


Pour amoindrir mon mal, il fallait des miracles,
Et si je fus guéri malgré tous ces obstacles,
C’est ma seule vertu qui fut mon médecin.


Toute stoïcienne qu’elle soit, par esprit d’imitation peut-être, mais je crois aussi par tendance naturelle et « affinité élective, » Jacqueline reste très simplement et profondément chrétienne : ses vers Pour remercier Dieu du don de la poésie, A sainte Cécile, Sur la Conception de la Vierge, son Sonnet de dévotion sont d’assez pauvres productions, mais la sincérité du sentiment est indéniable, et, parfois même, surtout si l’on songe à ce qui va suivre, ne laisse pas d’entraîner une certaine éloquence fort significative :


Grand Dieu ! si je finis dans ces froides langueurs,
Conserve pour le moins mes sincères ardeurs,
Et fais que mon amour ne puisse être mortelle !


Mais le sentiment religieux n’est accompagné chez elle d’aucun fanatisme. Ses stances Sur la mort d’une huguenote (1645) sont empreintes, nous dirions volontiers d’un large sentiment de tolérance, s’il n’était plus simple de parler ici de très chrétienne charité :


Mon Dieu, je ne pénètre pas
Dans les secrets dont ici-bas
Vous nous ôtez la connaissance ;
Mais j’espère en votre équité,
Et crois que votre Providence
Suit les lois de votre bonté.