Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 50.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES MARIONNETTES
DU
DOCTEUR FAUST

C’est sur quelque théâtre de marionnettes, que la légende du docteur Faust ébaucha sa première forme dramatique, vers le même temps qu’apparut le populaire Faustbuch :

Elle est bien encore un peu pour marionnettes, cette pièce, d’ailleurs admirable, de l’Anglais Marlowe, qui eut un succès tel, qu’en 1808 l’Allemagne se l’appropriait déjà. Faust cependant devait garder longtemps sa place au répertoire du Marionnettentheater : et sans doute, c’est aux marionnettes que Wolfgang Gœthe, qui les aima toujours, prit la première idée de l’ouvrage où se sont résumés sa vie, son génie et sa gloire. De l’orgueilleux et damnable nécromant, il acheva de faire un être magnifiquement humain : et l’âme qu’il lui donna mérita d’être sauvée.

Mais des musiciens sans nombre augmentèrent la « tragique histoire » d’étranges vicissitudes, où ses héros, égarant leur philosophie, se revirent quelquefois marionnettes comme devant. Sans prétendre à être complet, on compterait facilement une trentaine de compositeurs, de toutes races, à qui Faust suggéra des partitions de tous genres[1]. Encore bien des projets n’ont-ils pas abouti, et non des moins illustres : Beethoven, Mendelssohn, Meyerbeer, Rossini,… Boieldieu.

En Allemagne, on trouverait, de Christian Schulz, dès 1810, une ouverture et des danses ; de Joseph Strauss, en 1814, un

  1. Voyez : Adolphe Jullien, Gœthe et la Musique.