Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 51.djvu/440

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui, n’étant pas des sujets de controverse, attirent peu l’attention publique, mais qui, cependant, prises ensemble, sont de grande importance pour le développement des rapports amicaux entre nations ; et la conférence devra s’avancer autant qu’il sera possible vers l’acceptation des projets idéaux dont l’entière réalisation doit être remise à un avenir éloigné. » Les travaux se poursuivirent portes closes, en comités, et les séances plénières n’eurent qu’à adopter les solutions préalablement arrêtées. On gagnait ainsi du temps, et l’on évitait de rendre publics des désaccords inévitables que chacun, pour le moment au moins, avait intérêt à dissimuler.

La partie politique du programme renfermait les questions délicates de l’arbitrage et de la doctrine de Drago. Sur ces questions, deux camps étaient en présence : d’une part, la République Argentine, qui soutenait le principe de l’arbitrage obligatoire, et la doctrine récemment émise par un des plus marquans de ses hommes d’Etat. Elle était, naturellement, assurée du concours des petites puissances, en particulier du Pérou et de la Bolivie, qui, s’étant vu enlever par la force, par leur puissant voisin, une partie de leur territoire, ont toujours demandé, sans succès jusqu’ici, que le règlement de ces différends fût résolu par l’arbitrage. Le Chili, le Brésil et le Mexique étaient, avec les Etats-Unis, opposés à cette solution. Les États-Unis tirent prévaloir leur opinion, et force fut au premier groupe d’Etats de transiger sur les deux points. Grâce aux bons offices du gouvernement de Washington, toutes les Républiques de l’Amérique latine avaient été invitées à participer à la seconde conférence de La Haye[1], qui avait même été quelque peu retardée pour permettre la réunion préalable de celle de Rio-de-Janeiro. On se borna, en ce qui concernait l’arbitrage, à voter une résolution générale recommandant aux nations représentées de donner à leurs délégués à la prochaine conférence de La Haye des instructions à l’effet « d’assurer par cette assemblée d’un caractère mondial l’adoption d’une convention générale d’arbitrage si effective et définie que, méritant l’approbation du monde civilisé, elle soit acceptée et mise en vigueur par toutes les nations. » La question du recouvrement des dettes publiques fut

  1. Les États-Unis et le Mexique étaient les seules puissances américaines qui eussent été invitées à la première conférence de la Paix, et cela n’avait pas été sans froisser l’amour-propre des républiques sud-américaines.