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l’importance d’une politique pan-américaine pour les Etats-Unis. Il s’est efforcé d’y intéresser l’opinion, et, fort sagement, sans négliger le rôle ingrat de tuteur que leur situation dans le golfe du Mexique impose aux Etats-Unis, il s’est attaché à convaincre les Sud-Américains de la sincérité de leurs voisins du Nord quand ils protestent contre les désirs qu’on leur prête d’expansion territoriale aux dépens des Républiques latines, ou contre l’ambition de courber celles-ci sous une hégémonie despotique.

Le changement de président n’apportera aucune modification à ; cette politique. M. Taft, qui a été avec M. Root un des conseillers les plus écoutés de M. Roosevelt, lui est tout acquis : il poursuivra le même but par les mêmes moyens. Et, par une coïncidence heureuse, il va trouver un puissant appui au Sénat. M. Root, qui abandonne le secrétariat d’État, où il a dirigé pendant quatre années cette politique pan-américaine, vient d’être élu sénateur pour l’État de New-York. Faisant fléchir leurs règles coutumières, ses nouveaux collègues ont décidé de l’appeler à siéger aussitôt dans le Comité des Affaires extérieures, où il aura, dès son entrée, une influence considérable. Ainsi, le pan-américanisme, non pas un pan-américanisme agressif et ambitieux de conquêtes territoriales, mais un pan-américanisme pacifique, ambitieux seulement de conquêtes économiques et morales, deviendra de plus en plus un des articles capitaux de la politique extérieure des États-Unis. Malgré les obstacles qui se dressent devant lui, il n’apparaît nullement comme irréalisable.


ACHILLE VIALLATE.