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Il a appliqué à la recherche des vérités éternelles l’ardeur curieuse qui, dans la science, porte souvent à rejeter ce que l’on avait d’abord admis. Il n’a pas su fermer les yeux devant l’impénétrable, respecter le voile qui le couvre. Mais l’orgueil n’était pour rien dans sa funeste témérité ; et, dût-on crier anathème sur ceci : nul n’a aimé, n’a senti Dieu plus que lui ! Son âme s’unifiait à lui par tous les points. Et quand il trouvait à une autre âme les mêmes aspirations, quelle sympathie fidèle triomphait du temps, des divergences d’opinion, du franc parler intrépide, de tout ce qui brise le commun des liens !

Sur son lit de mort, il a eu encore non pas seulement des paroles, mais des tressaillemens d’ineffable tendresse pour les larmes qu’il faisait couler.

Puisse la lumière jetée ici sur ce qu’il fut, confondre de haineuses imputations, dissiper de cruelles erreurs ! Et puisse l’hommage dirigé au hasard vers la place lamentablement incertaine où reposent ses restes, les consoler des attaques mensongères qui poursuivent sa mémoire !


Le lendemain du jour où elle écrivait ces fortes pages, Mme Cottu était terrassée par la mort. Ainsi, par un de ces vagues pressentimens qui éclairent parfois d’un rayon douteux la nuit obscure où nous vivons, à la veille du jour où ses yeux allaient se fermer pour jamais, sa pensée reconnaissante se tournait encore vers celui qui les avait ouverts à la lumière de la foi, et elle exprimait le vœu que ce témoignage de sa reconnaissance servît à défendre contre les attaques et les calomnies la mémoire de celui qui lui avait été si cher. La publication des lettres à elle adressées par Lamennais donnera satisfaction à ce vœu et servira en même temps la mémoire de la noble femme qui sut concilier jusqu’au bout une double fidélité : celle de l’amitié et celle de la foi.


HAUSSONVILLE.