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mais il n’y a pas d’escalier pour conduire au sommet ; peut-être était-il extérieurement en bois. Le troisième type présente un escalier en spirale dans l’intérieur de la muraille ; enfin, pour les nuraghes les plus perfectionnés, on trouve l’escalier, 3 ou 4 chambres au niveau du sol, dont une centrale, et quelquefois un étage au-dessus. Les chambres sont toujours ovoïdes, celle qui est au centre a de 5 à 7 mètres de diamètre et de 6 à 7 mètres d’élévation. Les murs extérieurs, sans ciment, ont une épaisseur de 4 à 6 mètres ; certains blocs employés pour la construction pèsent de 10 à 12 tonnes. D’une façon générale, l’unique porte basse, étroite, est orientée au Sud, Sud-Est, rarement à l’Est. L’eau est invariablement à proximité des nuraghes. Dans l’un d’eux, on a découvert un escalier tournant conduisant à une source qui se trouvait à dix-huit mètres de profondeur.

Quel a été l’usage de ces constructions, que l’on ne trouve nulle part ailleurs, comme je l’ai dit plus haut ? Incontestablement, elles furent des forteresses, des réduits où les femmes, les enfans, venaient se réfugier avec les guerriers ; on les rencontre au milieu des ruines des villages de ce temps, très visibles aujourd’hui, soit au centre, soit dans l’endroit le plus favorable pour la défense, comme les donjons de nos châteaux forts du moyen âge. Fréquemment un ou deux nuraghes sont placés sur le mur d’enceinte, probablement aux entrées principales du bourg. J’en ai vu beaucoup d’exemples en parcourant le pays. On les rencontre aussi protégeant les cols, assis sur les pointes des rochers les plus élevés, et d’où l’horizon est le plus étendu.

À ce but défensif, devait se joindre également un but religieux. « Nur » ou, suivant la véritable prononciation, « nour » veut dire « feu, » en phénicien, en chaldéen, en hébreu. Vraisemblablement, le feu sacré, l’élément le plus nécessaire à la vie devait y être conservé au sommet. J’ai parlé plus haut de pierres de moyenne grosseur, taillées en forme de pyramides, découvertes par M. Nissardi au pied de ces tours. Ces pierres provenant du sommet maintenant découronné sont toutes réfractaires, même si les blocs qui composent le nuraghe ne le sont pas.

En arrivant en Sardaigne, le peuple des nuraghes trouva-t-il des autochtones, on ne le sait pas, c’est cependant plus que probable. Apportèrent-ils avec eux l’art des métaux ? M. Nissardi ne le croit pas. Cependant, s’ils venaient d’Asie, s’ils avaient traversé au cours de leur exode la Phénicie, l’Egypte, à l’époque que l’on