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trop sûr, et un point de relâche trop commode pour qu’ils l’aient négligée.

Aujourd’hui, Cagliari, toujours commerçante, exporte du vin, du bétail, des fèves, des amandes, du minerai, de la farine, pour v une valeur de 35 à 36 millions de francs, ses importations atteignent une trentaine de millions. Malheureusement la France, dont le pavillon n’est presque jamais représenté dans le port, n’entre dans ces chiffres que pour une somme minime, 800 000 francs environ, à l’entrée et à la sortie. Il y aurait peut-être mieux à faire. On a monté près de la gare, il y a quelques années, deux puissantes minoteries. L’une d’elles peut, dit-on, moudre jusqu’à 250 tonnes de grains par jour. Mais l’île étant incapable de fournir le blé nécessaire à leur alimentation, elles sont forcées de demander le complément à l’étranger, et c’est la Grèce principalement qui comble le déficit.

Les rares monumens intéressans de Cagliari remontant au moyen âge datent du commencement du XIVe siècle. Ils sont l’œuvre des Pisans. La cathédrale achevée en 1312 a été malheureusement plusieurs fois remaniée. Les XVIIe et XVIIIe siècles, ces périodes si fâcheuses pour l’art religieux, un peu partout, mais spécialement en Italie, ont déshonoré sa façade, qui vient, entre parenthèses, d’être de nouveau démolie. L’intérieur est encombré de marbres criards, de bronzes luxueux, de bois dorés, contournés, débordant de tous les côtés. Les tombes fastueuses, les plaques commémoratives, s’étagent à qui mieux mieux, et l’ensemble donne plutôt l’impression d’une exposition de mauvais goût que celle d’un lieu de prière, dont le premier charme devrait être pas mal de mystère et beaucoup de recueillement.

Quant aux fortifications et aux tours, précieux spécimens d’architecture militaire, elles aussi ont été littéralement vidées. Des planchers métalliques maintiennent les murs, des échelles de fer permettent l’accès de leurs sommets. Et si elles font bon effet de loin, grâce à leurs façades de pierres dorées par le soleil et à la beauté de leurs lignes, de près il n’y a plus qu’un décevant trompe-l’œil. Restaurateurs, démolisseurs, peuvent bien souvent se donner la main.

Cette action fâcheuse de nos contemporains s’est bornée heureusement à gâter seulement quelques rues pu quelques