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en a très exactement relevé les symptômes ; que propose-t-il pour le guérir ? L’union de toutes les forces républicaines contre les partis extrêmes. « Une fois cette union solidement établie sur un programme d’où seront exclues les formules creuses et les promesses téméraires, il faudra, dit-il, que les républicains aient la raison et le courage de remettre en ce pays, avec une impitoyable fermeté, chaque institution sur sa base et chaque chose à sa place. » C’est là tout un programme de gouvernement, un beau et noble programme, celui que se sont proposé autrefois Henri IV et le Premier Consul et qu’ils ont même provisoirement réalisé ; mais, faute peut-être d’hommes de la même envergure, nous serions tentés de le croire irréalisable, si M. Poincaré ne nous assurait pas qu’il est déjà bien près d’être réalisé dans la Meuse, le département qu’il connaît le mieux, puisqu’il le représente. Il ne reste donc à convertir que le quatre-vingt-cinq autres.


Le temps et la place nous manquent pour parler de la politique étrangère qui, sur plus d’un point, mériterait cependant toute notre attention ; mais nous aurons l’occasion d’y revenir. L’entrevue de l’empereur d’Allemagne et de l’empereur d’Autriche n’est pas au nombre des événemens dont nous voudrions parler avec quelque insistance. Cette entrevue était en quelque sorte nécessaire, elle était du moins inévitable après le succès diplomatique que les deux gouvernemens allemand et autrichien venaient d’obtenir grâce à leur parfait accord ; mais elle n’a rien ajouté à ce que tout le monde savait et n’a pas modifié l’état de l’Europe. Les deux pays en ont éprouvé une grande satisfaction : c’est cette satisfaction que les deux souverains ont voulu leur donner l’occasion d’exprimer, parce qu’on la ressent davantage en l’exprimant. Ils ont voulu aussi y associer le roi d’Italie, qui s’est volontiers laissé faire, et les journaux autrichiens et allemands en ont profité pour déclarer la triple alliance plus forte que jamais. Elle n’est d’ailleurs pas, aujourd’hui, un sujet d’inquiétude, car tout le monde est pacifique en Europe. L’entrevue des deux empereurs nous a apporté de ce fait une affirmation nouvelle, et nous l’accueillons aussi sincèrement qu’elle nous est donnée.


Une nouvelle preuve des intentions conciliantes de l’Allemagne à notre égard est la manière dont l’opinion, chez elle, a accueilli la décision du Tribunal arbitral de La Haye dans l’affaire des déserteurs de Casablanca. On sait qu’un désaccord s’étant produit entre l’Allemagne et nous sur l’interprétation des faits et sur la suite qu’il convenait de