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Et qui, l’œil mi-voilé lorsque passe un chrétien,
Caresse, en regardant ton Turbé de turquoise,
Le petit lièvre roux que sa main apprivoise ?


RETOUR D’ORIENT


Ce n’est plus aujourd’hui ton aube qui m’éveille,
O divine clarté
Dont l’ardeur éclatait triomphale et vermeille,
Au ciel ensanglanté !

Ce soleil sans éclat qui s’abaisse et se couche
Au bout de l’horizon
N’est plus l’astre brûlant dont la pourpre farouche
Mourait sur Ilion.

La lune qui blêmit à ma vitre morose
Et ne l’éclairé pas,
Ce n’est plus vous, lune d’or jaune ou d’argent rose,
Qui brilliez sur Damas !

Puisqu’il en est ainsi, faites, de leurs embrasses,
Tomber à longs plis lourds
Les rideaux refermés que fatiguent les masses
De leur pesant velours ;

Allumez, suspendue au plafond de la chambre,
La lampe en verre peint
Où versa doucement son huile couleur d’ambre
La jarre d’Aladin.

Sur le divan profond où le corps se renverse,
Qu’on étende avec soin
Cette étoffe de Brousse et ce tapis de Perse
Que l’œillet brode au coin ;