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heureux essais antérieurs, en permettant aux magistrats de nommer des probation officers.

En Allemagne, en Italie, en Suisse, l’attention s’est également éveillée : on y souhaite, on y essaye des tribunaux pour enfans. Ainsi, c’est bien une extension mondiale que l’idée américaine a prise en quelques années ; s’il a jamais été vrai de dire que le consentement universel prouve la force, la sagesse et l’utilité d’une idée, la preuve est faite pour celle-ci, comme il n’y a guère d’exemples qu’elle Tait été pour une autre.

La France doit à l’initiative d’un ingénieur, M. Julhiet, d’avoir aperçu sous sa forme pratique, avec ses avantages, avec sa simplicité d’exécution, la nouveauté du Tribunal pour enfans. Déjà, on connaissait la loi de l’Illinois, qui avait été traduite et publiée par les soins de la Société de Législation comparée ; d’autre part, des revues anglaises, notamment le Cornhill Magazine[1] avaient montré l’effort de propagande qui se faisait depuis 1903 en Angleterre. Mais ces publications s’adressaient à des lecteurs trop peu nombreux. La conférence de M. Julhiet, en 1906, au Musée social, sous la présidence de M. le sénateur Bérenger, porta l’idée nouvelle dans le milieu qu’elle devait intéresser et toucher. M. Julhiet revenait des Etats-Unis ; il avait vu à l’œuvre le juge des Children’s courts. Sa conférence présentait en action le juge, les probation officers, les enfans ; et parce qu’elle mettait ainsi directement, sous les yeux d’un public très avisé, des personnes telles que le juge de Denver, M. Lindsay, et tout le mouvement des clubs, des patronages, des avocats, gagnant à la réforme, de proche en proche, les États américains, elle produisit un effet considérable. Non seulement elle révéla à tout cet auditoire l’existence et le succès du Tribunal pour enfans, mais elle donna à certains le désir, la volonté de l’établir en France.


III

La conférence de M. Julhiet fut donnée le 6 février 1906. À cette date, nos lois pénales avaient été modifiées par celle du 19 avril 1898 en faveur de l’enfant ; elles allaient l’être un peu plus par celle du 12 avril 1906 ; mais notre système judiciaire

  1. Cornhill Magazine, june 1905 : Special police courts for Children, by Mrs Henrietta O Barnett.