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déjà jusque dans la lointaine Etrurie, où les portaient les vaisseaux d’Egine ou de Corinthe. Quand Athènes aura un commerce national étendu, le prix de l’huile s’élèvera plus rapidement encore.


On sera frappé de ce fait que le législateur athénien n’ait pas tenu compte, dans son recensement, des capitaux mobiliers, de l’argent.

La monnaie circulait à Athènes dès le temps de Solon, mais elle y était fort rare, puisque l’hectolitre de blé n’y coûtait que 2 drachmes (1 fr. 86). Le faible commerce qu’Athènes entretenait avec les pays environnans n’y apporta pas beaucoup d’argent au VIe siècle : dans les décrets de l’époque des guerres médiques, le taux des amendes nous paraît encore dérisoire. Les familles athéniennes qui apparaissent alors en possession de grands trésors devaient cette richesse à des circonstances tout exceptionnelles. D’autre part, Hérodote signale, à l’occasion de l’invasion perse (480), un détail significatif : lors de l’évacuation de la ville, il resta sur l’Acropole nombre de pauvres diables, qui n’avaient pas de quoi faire le voyage de Salamine et subsister jusqu’à la fin de la crise.

On s’étonne de cette pénurie de la société attique, quand on songe que les mines du Laurion avaient été connues déjà des Phéniciens. Mais, pendant la période qui suivit ces temps reculés, il semble que les anciens filons fussent épuisés, et qu’on n’en trouvât pas de nouveaux : en 483 seulement, on découvrit à Maronée (Camaréza) des gisemens bien plus riches que tous ceux qui avaient été connus jusque-là. Athènes avait trouvé son principal article d’exportation. Quelques années après la découverte, les « chouettes » attiques étaient déjà répandues dans l’Orient : on en a retrouvé au mont Athos, et, chose curieuse, jusque sur les bords de la Vistule.

L’argent avait donc été rare jusque-là, mais surtout, il n’était pas considéré comme une source régulière de revenus. Les fruits de la terre restèrent, jusqu’au temps de Périclès, le seul revenu régulier, celui sur lequel reposait toute maison bien tenue. Voici par exemple comment Périclès lui-même, d’après Plutarque, administrait sa fortune, qui était assez grande :

« Il avait assuré son revenu par le mode d’économie domestique qui lui paraissait le plus simple et le plus sûr : c’était de