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Ces élémens, qui tenaient si peu de place dans la société attique du temps des « Marathonomaques, » s’étaient accrus incomparablement plus vite que la population indigène. On a calculé, d’après les listes de démotiques, que la répartition de la population entre les trois grandes circonscriptions (Ville, Intérieur, Côte,) vers 500, était à peu près celle-ci : un cinquième pour la Ville, deux cinquièmes pour l’Intérieur, deux cinquièmes pour la Côte, et il me semble, d’après le petit nombre des changemens apportés à la répartition des sièges sénatoriaux, que cette distribution n’ait pas varié au IVe siècle autant qu’on s’y attendrait. Or, elle serait invraisemblable si l’on ne songeait qu’il s’agit seulement, dans ces listes, du corps des citoyens. Athènes et le Pirée contenaient certainement plus d’un cinquième de la population totale, et le Pirée surtout comptait plus d’habitans que ne le donneraient à croire les listes de démotiques : mais c’était là que s’entassaient les métèques, dans les maisons de rapport, si nombreuses au temps de la guerre du Péloponnèse. De même, la Côte devait être plus peuplée que l’Intérieur, puisqu’elle comprenait, outre Éleusis, le district du Laurion, où le théâtre de Thorikos, par exemple, bâti à la fin du Ve siècle, pouvait contenir 5 000 spectateurs : mais dans ce district se pressaient les cabanes d’esclaves.

Le grand essor donné à l’immigration des métèques date de la construction du Pirée. Thémistocle, qui avait jeté les bases de la nouvelle ville, et la considérait comme son œuvre, avait fait supprimer temporairement, vers 475, le droit de résidence qu’ils avaient à acquitter.

Nous avons vu qu’au Ve siècle le cens était évalué en argent, et les métèques, qui n’avaient pas droit à la propriété du sol, purent être astreints ainsi au service d’hoplites : or, 3 000 eurent le cens de 200 drachmes, et la proportion des pauvres aux riches était bien plus forte dans cette classe que parmi les citoyens. À la fin du IVe siècle, Athènes comptait encore 10 000 métèques.

L’afflux des esclaves eut d’autres causes, mais fut plus considérable encore. Nous avons parlé du Laurion, puis de la naissance de l’industrie concentrée. Ces faits modifièrent profondément la société attique. Au temps des guerres médiques, elle occupait un rang intermédiaire entre des cités comme Égine, Corinthe, qui comptaient 60 000, 70 000 esclaves, — et le Pélo-