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conique. Sur d’autres monnaies, on voit deux pierres en forme de bornes, placées l’une à côté de l’autre et abritées sous un arbre. D’autres exemples, innombrables, pourraient être ajoutés à cette liste, dont la signification a été contestée.

Les anciens historiens, ont, à maintes reprises, conservé le souvenir de chutes d’aérolithes. Des livres chinois, datant de plusieurs siècles avant notre ère, en font mention. Les Grecs et les Romains nous ont donné beaucoup de détails sur ces phénomènes. Pline raconte que la seconde année de la 78e olympiade (environ 467 ans avant notre ère), une pierre, de la grosseur d’un chariot, tomba en Thrace, près de la rivière des Chèvres (Ægos Potamos). Plutarque dans la Vie de Lysandre, Tite-Live dans ses Décades, Valère Maxime, Julius Obsequens, César, Ammien Marcellin, Pholius ont enregistré le phénomène : la plupart en lui attribuant, cela va sans dire, une origine merveilleuse.

De grands esprits, cependant, approchèrent déjà de la vérité : Anaxagore, d’après Pline, aurait dit que la pierre d’Ægos Potamos avait été détachée du corps même du soleil.

Les auteurs du moyen âge ont à leur tour constaté des chutes de pierres célestes. Le Livre des Prodiges, de Conrad Lycosthène montre, par une gravure, une averse de blocs sur un paysage montagneux, une ville fortifiée.

Cette image, si naïve, n’est pas la seule qui ait représenté le météore. Une œuvre, au sommet de l’art, la Madone de Foligno, de Raphaël, que l’on voit à la Pinacothèque du Vatican, a peut-être été commandée pour commémorer une chute de pierre météoritique. La Vierge, assise sur les nuages, avec le « Bambino » dans les bras, est entourée d’une guirlande de chérubins. A ses pieds, quatre saints en prière. Dans le fond du tableau, la ville de Crema. En regardant avec un peu d’attention, on voit au-dessus de celle-ci un globe de feu descendre des nuages en laissant derrière lui une traînée embrasée. Ce n’est pas, ainsi qu’on l’a cru d’abord, quelque engin de guerre ; c’est un bolide, comme M. Holden, en 1891, l’a mis en évidence, en citant d’anciens textes : « Le 4 septembre 1511, — nous dit la Istoria di Milano, du cordonnier Andréa del Prato, — à deux heures de la nuit, il apparut à Milan et dans toute la région, dans l’atmosphère, à la surprise et à la terreur de tous, una granda testa, d’une telle splendeur qu’elle parut rallumer le jour. » On