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Cette basse température interne semble bien être le résultat du long séjour des masses météoritiques dans l’espace interplanétaire qui, d’après les physiciens, doit être, au plus, à cinquante degrés au-dessous de zéro.

Le nombre des pierres d’une même chute est fort variable ; qu’on en juge d’après quelques exemples.

On n’a ramassé qu’une seule masse après les chutes de Lucé, en France (1768), de Wold-Cottage, en Angleterre (1795), de Salles (Rhône) (1798), d’Apt (Vaucluse) (1803), de Chassigny (Haute-Marne) (1815), de Juvinas (Ardèche) (1821), de Vouillé (Vienne) (1831), de Château-Renard (Loiret) (1841), de Braunau (Bohême) (1847), etc. On en a trouvé deux à Agram (Croatie) (1741) ; une dizaine à Toulouse (Haute-Garonne) (1812) ; une centaine à Orgueil (Tarn-et-Garonne) (1864) ; un millier à Knyahinya (Hongrie) (1866) ; trois mille environ à Laigle (Orne) (1803). On a évalué à cent mille le nombre des pierres qui se sont abattues ensemble sur Pultusk, en Pologne, le 30 janvier 1868. Le Muséum d’histoire naturelle a possédé jusqu’à neuf cents spécimens de cette dernière chute, et un marchand de minéraux, plus de deux mille. En 1882, il y eut à Mocs, aussi en Transylvanie, une chute de blocs fort nombreux.

La vitesse des météorites durant leur chute n’a aucun rapport avec celle des bolides. Le plus souvent, les pierres ne sont pas même fracturées par leur choc sur le sol. Or, comme les anciens boulets de canon en pierre se brisaient contre tous les obstacles durs qu’ils rencontraient, on peut en conclure que la vitesse des météorites est moindre que celle de ces boulets. Cependant, il est des cas où la projection eut assez de force pour que la pierre pénétrât dans la terre. Celle qui est tombée à Aumale, en Algérie, le 25 août 1865, creusa un trou profond, et l’une de celles de Knyahinya en Hongrie, du 9 juin 1866, pénétra de quatre mètres sous le gazon. La pierre de Tadjera (Algérie) (9 juin 1867) creusa à la surface du sol un sillon d’un kilomètre de longueur ; et la météorite de Sauguis-Saint-Etienne (Basses-Pyrénées) (7 septembre 1868) se réduisit en d’innombrables débris n’ayant guère plus d’un centimètre cube en moyenne.

Naturellement, les météorites ont parfois causé des accidens graves, tué des hommes et des animaux, cassé des arbres, défoncé des toits. On les a accusées d’avoir déterminé des incendies ; mais la chose n’a jamais été bien prouvée : à moins de