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expérimentale, dans lesquelles ces divers matériaux ont pris naissance. Le sujet est, comme on le voit, d’une importance trop grande pour que nous ne nous y arrêtions pas un instant.

Il résulte des études des astronomes que si le Soleil est lumineux, c’est parce qu’ayant été bien plus chaud qu’il n’est à présent, il se refroidit d’une manière continue. Son refroidissement, en effet, a amené une partie des matières gazeuses, qui le constituaient seules à l’origine, à prendre l’état solide, c’est-à-dire à passer brusquement à l’état d’un véritable givre, bien qu’alors la température soit encore voisine vraisemblablement de 2 000 degrés.

Tout le monde sait que les gaz, même fortement chauffés, sont extrêmement peu lumineux, mais qu’il suffit d’y projeter une poussière solide pour les rendre aussi brillans qu’ils l’étaient peu. C’est ce qui a lieu dans le Soleil et on peut ajouter que les taches qui existent à sa surface n’ont pas d’autre cause que le réchauffement subi par telle ou telle partie de la photosphère qui, localement, reprend son état gazeux, c’est-à-dire redevient sombre. Hervé Faye a publié à cet égard des observations de première valeur.

D’un autre côté, il est relativement facile d’obtenir dans le laboratoire la reproduction de tous les minéraux constitutifs des météorites, aussi bien que des roches terrestres profondes, par des réactions déterminant, à la température rouge, entre des gaz ou des vapeurs, des précipitations brusques de substances convenablement associées.

Voilà donc un premier fait acquis, et il convient d’autant mieux de le constater sans ambiguïté que nous aurons à tabler sur lui pour établir nos conclusions : les mêmes conditions générales, en agissant sur les mêmes élémens, ont déterminé les mêmes productions rocheuses, qu’elles aient agi sur le Soleil à l’époque actuelle, à la surface de la terre dans un temps voisin de son origine, ou même dans le milieu (à déterminer, si faire se peut) où les météorites ont pris naissance.

Après l’unité de composition chimique de l’Univers, il y a donc là un premier aperçu d’une unité de condition géologique qui mérite de fixer l’attention. D’autant que, comme nous espérons le démontrer tout à l’heure, c’est la méthode géologique qui seule peut arracher aux roches tombées du ciel le secret de leur histoire, — à côté de laquelle ont passé longtemps beaucoup de