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Le nationalisme a tenu une large place dans ces assises où l’on discutait avec chaleur tout ce qui touche à l’émigration : mesures propres à régler les courans migrateurs et à répandre l’enseignement de la langue italienne à l’étranger, amélioration de l’instruction des émigrans, service militaire et naturalisation. Les congressistes ont visité en détail les monumens de Rome : le Forum, le Palatin, le Capitole, les arcs de triomphe, le Colisée… Puis, la troupe du théâtre Argentina joua devant eux la Nave, pièce irrédentiste de d’Annunzio. Les délégués soulignèrent par des applaudissemens nourris le passage relatif à l’Adriatique : « Le peuple dit au conquérant : Délivre l’Adriatique ! Chasse les voleurs de notre mer… Arme le grand-bateau ! Nomme-le Totus mundus ! Nous voulons raser les forêts pour construire mille bateaux !… »

Fidèle à sa devise : « Protection de la langue italienne partout où palpite l’âme italienne, » la société patriotique « Dante Alighieri, » avec un zèle infatigable, s’efforce, en Tunisie comme ailleurs, d’entretenir ou de raviver la pensée nationale, par ses créations et ses libéralités. Sans esprit confessionnel ni politique, elle poursuit l’expansion de la langue de Dante ; elle célèbre par des fêtes scolaires les événemens historiques ; aux enfans nécessiteux, elle distribue livres, cahiers, vêtemens, chaussures ; elle crée des filiales, des asiles, des bibliothèques populaires dans les centres agricoles et miniers ; elle fonde des cabinets de lecture comme celui de Tunis qui a 10 000 volumes ; des écoles mixtes comme celle de Bab-Zira ; des œuvres comme l’AIbero di Natale, association de dames italiennes qui travaillent en commun pour les pauvres.

Le patriotisme est lié à la question des écoles, considérées comme l’organe qui lie le plus étroitement l’émigrant à son pays natal. Le magister italien, ardent patriote, en retraçant aux élèves les événemens historiques comme l’expédition des Mille et l’entrée à Rome des troupes italiennes par la brèche de la Porta Pia, répète que les forts sont le soutien de la Patrie : La Patria riposa sui forti.

Les écoles italiennes de Tunisie (asiles, écoles primaires et secondaires) comptent environ 6 500 élèves, partagés en vingt groupes scolaires, ainsi répartis : Tunis, 11 ; La Goulette, 3 ; Sousse, 3 ; Sfax, 2 ; Bizerte, 1. Total, 20.

La création de ces étabiissemeiis remontée 1831. Ce fut un