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d’elles, aujourd’hui occupée par le ministère de la Marine, servit d’abord, comme on sait, de garde-meuble royal ; l’autre fut morcelée entre divers particuliers. Le terrain seul fit l’objet d’une adjudication publique ; les constructions, élevées par la Ville à ses frais, devant lui être remboursées par les futurs propriétaires. Le pavillon de droite et une travée de la colonnade, — 1 048 mètres carrés, — furent acquis en 1776, à raison de 90 francs le mètre, par la marquise de Coislin qui y joignit deux croisées de la rue Royale avec 360 mètres, sur le pied de 116 francs. Les cinq travées contiguës de la colonnade furent vendues au sieur Rouillé de l’Estang, sur la base de 140 francs le mètre, pour un carré de 800 mètres en façade, et de 70 francs pour 224 mètres en profondeur. Les autres adjudicataires obtinrent des conditions identiques.

Les terrains en bordure de la rue Royale trouvèrent moins aisément preneurs, parce qu’il restait deux maisons à abattre pour faire communiquer la voie nouvelle avec le faubourg Saint-Honoré. La Ville s’étant engagée à les acquérir, céda pour 100 francs le mètre, en 1777, la superficie de 5300 mètres qui lui restait à un entrepreneur auquel elle faisait remise par avance des taxes de mutation à venir.

Dans la dépense totale de 9 500 000 francs, faite pour l’aménagement de la place Louis XV et comprenant les balustrades de maçonnerie, fossés, guérites, pavillons du fontainier et trottoirs (1 800 000 fr.), le pavage et la serrurerie (400 000 fr.), les murs et terrasses du jardin des Tuileries et les achats de terrains, figurait, pour les deux grands corps de façade, une somme de 3 120 000 francs (dont 600 000 de sculptures exécutées sous la direction de Guillaume Coustou). Le remboursement à la Ville par les propriétaires, stipulé à forfait 175 francs le mètre, était loin de couvrir les frais de ces constructions, et la servitude architecturale qui leur était imposée ne fit pas obstacle à des profits successifs.

La plus récente transaction, dont un hôtel de la place de la Concorde ait été l’objet, fait ressortir le prix du mètre à 1 800 francs ; elle concerne le pavillon de gauche avec deux travées de la colonnade, vendu par la famille de Polignac 2 600 000 francs à la Société des magasins du Louvre pour l’exploitation d’une hôtellerie. Le comte de Crillon l’avait acheté en 1788 à l’entrepreneur Trouard 600 000 francs. A la fin du règne de Louis XVI,