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quatorze navires dont il y avait douze de force et deux corsaires.

« Interrogé, etc.

« Répond qu’aussitôt qu’ils aperçurent les dites navires, luy et quatre autres navires de guerre qui convoyaient la dite flotte se mirent en ligne pour les attendre ; que les deux corsaires passèrent leurs navires pour suivre la flotte, mais que le Lys ayant attaqué le commandant, luy fut aussi attaqué par le Mars commandé par le sieur de Forbin, qui l’ayant quitté sans luy tirer que quelques coups de fusil des hunes, il fut à l’instant abordé par le Maure, qu’après un rude abordage, il se rendit ; mais qu’il ne sçait le nombre des blessés ny des morts qu’il y a eu dans le combat.

« Interrogé, etc.

« Répond qu’il estoit armé par ordre de la reine d’Angleterre sous commission du prince Georges, qu’il a mise entre les mains du sieur de la Moinerie, commandant le dit vaisseau le Maure, lorsqu’il se rendit à luy. »

En ce qui concerne le Devonshire, du Guay-Trouin s’exprime ainsi dans la préface justificative que nous avons déjà citée :

« Ce que ces Mémoires (ceux de Forbin) ajoutent au sujet du Devonshire n’est pas moins faux, ny moins outré. On n’a guère vu d’exemple d’une supposition plus hardie, pour ne rien dire de plus, puisqu’il y a un grand nombre d’officiers, de soldats et de matelots témoins oculaires de la vérité.

« Ces Mémoires disent que M. de Forbin donna la chasse à ce gros navire qui fuyait à toutes voiles… que le vaisseau de Tourouvre resta derrière, que Barth fut aussy très maltraité et n’avança pus, que M. de Forbin estoit prest à l’aborder lorsque le feu prit tout à coup dans ce vaisseau avec une telle violence que M. de Forbin luy même pensa être brûlé, qu’il fit tout son possible pour s’écarter de ce vaisseau qui se battoit vaillamment, que la situation où M. de Forbin se trouva alors est l’une des plus embarrassantes où il se soit jamais trouvé, et que le regret qu’il aurait eu de m’abandonner sans me soutenir fut cause du danger qu’il courut.

« On auroit bien dû nous dire le nombre de gens qu’il perdit contre ce vaisseau qui se battoit si vaillamment. C’est une fausseté qu’on auroit dû joindre à toutes les autres ; on ne combat point un vaisseau si formidable sans perdre bien du