Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 59.djvu/904

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES AVEUGLES TRAVAILLEURS
EN FRANCE


I

Jamais il n’a été question autant qu’aujourd’hui des aveugles, des « emmurés, » comme les appelle M. Lucien Descaves, des « enténébrés, » comme l’on dit plus volontiers depuis quelque temps. Aveugle moi-même, comment ne serais-je pas touché de l’intérêt qu’on nous témoigne ? A tout instant, la presse parle de nous, et, il faut l’avouer, bien souvent avec plus de bonne volonté que de compétence. On agite de grands projets pour améliorer notre sort. Les pouvoirs publics se sont émus. Une commission permanente vient d’être constituée en leur faveur au ministère de l’Intérieur par M. Mirman, qui leur témoigne une sympathie singulièrement active. Au budget de 1910, un crédit nouveau de 125 000 francs a été ouvert en vue de les assister, et la subvention des Quinze-Vingts a été augmentée de 250 000 francs. Très prochainement, nous assure-t-on, deux lois seront soumises au vote des Chambres en faveur des aveugles. L’une, qui a pour rapporteur M. Chautard, et qui vient d’être votée par la Chambre des députés, demande la création d’écoles publiques régionales où ils puissent recevoir l’instruction primaire et professionnelle. L’autre, proposée par M. le sénateur Labrousse, demandera également la création d’écoles et d’ateliers régionaux ; mais elle réclamera en outre une assistance qui suive l’aveugle de sa naissance à sa mort, et pour l’ensemble de cette assistance elle prévoit une dépense annuelle de quatre millions.